Archive for the ‘Chroniques de films’ Category

Police

vendredi, avril 7th, 2017

Pialat hors de lui.

Je suppose que Maurice Pialat, assez grisé par le succès critique et même un peu public de Loulou et de À nos amours, bénéficiant de ce fait de la confiance des producteurs, a voulu alors se mesurer à une des figures imposées de la réussite cinématographique, le genre policier, qui, habituellement fait affluer le spectateur dans les salles. Police est issu de cette ambition, mais je trouve que, si estimable soit la copie, elle est un peu inférieure aux sujets vraiment graves et atypiques sur quoi la renommée du cinéaste s’est établie. (suite…)

L’insoumis

jeudi, avril 6th, 2017

Triste soldat perdu…

L’aventure suicidaire et désespérée des combattants perdus et fous de l’OAS n’a pas tenté grand monde au cinéma : à part une courte séquence dans Le feu follet où Alain Leroy (Maurice Ronet) bavarde quelques instants, au Café de Flore avec les frères Minville (Romain Bouteille et François Gragnon), je ne connais guère que Le combat dans l’île avec Jean-Louis Trintignant réalisé par Alain Cavalier, comme cet Insoumis que je viens de revoir. (suite…)

Le vélo de Ghislain Lambert

vendredi, mars 31st, 2017

« Baisse la tête, t’auras l’air d’un coureur ! »

Le film est un peu à l’image de la carrière de son principal interprète, Benoît Poelvoorde : engagé à toute allure, sur des chapeaux de roues, il a tendance à s’engluer et à se dissoudre dans une certaine insignifiance, dans une torpeur qui n’est pas désagréable mais qui n’a plus beaucoup d’intérêt. On sait que Poelvoorde souffre depuis plusieurs années de syndromes dépressifs, ce qui peut expliquer l’engourdissement de son parcours ; on comprend moins pourquoi le souvent excellent Philippe Harel a donné au Vélo de Ghislain Lambert une durée démesurée de presque deux heures alors que, confiné dans un format plus restreint, il serait un de ces petits bijoux rares du cinéma qui sont les pépites d’une époque. (suite…)

Hypnose

jeudi, mars 30th, 2017

Rendez-vous dans la cave.

Voilà un bien honnête film fantastique mâtiné de thriller, qui s’appuie sur une histoire de Richard Matheson et qui présente quelques ressemblances, sans doute fortuites, avec Shining. C’est bien interprété, à une exception sur quoi je reviendrai, filmé efficacement et ça tient en haleine, même si l’amateur éclairé de ce genre de spectacles devine assez vite la clef du mystère et n’est pas surpris par son aboutissement. Mais enfin ! Dans la plupart des récits ou des films d’angoisse, le plaisir dudit amateur réside moins en la connaissance de l’énigme (surtout s’il a lu ou vu plusieurs fois l‘opus considéré) que dans la façon dont l’auteur la présente et la fait découvrir. (suite…)

Mort d’un pourri

mardi, mars 28th, 2017

La corruption au bœuf miroton

Il y a eu une époque dans le genre du cinéma français de divertissement (j’écris ce terme, qui n’a rien de condescendant ni de méprisant, par opposition au cinéma directement militant) où des réalisateurs parmi les plus appréciés du bon public tranquille se sont senti animés d’une vertueuse fièvre dénonciatrice et ont tendu le poing à l’éternelle et insubmersible corruption des élites financières. Mort d’un pourri, de Georges Lautner date de 1977, Le sucre de Jacques Rouffio de 1978, Une étrange affaire de Pierre Granier-Deferre de 1981, Mille milliards de dollars d’Henri Verneuil de 1982. En gros les années Giscard, avec un petit dépassement sur les années Mitterrand, qui ne furent pas davantage exemptes de scandales affairistes et de jolis coups pleins de pognon. (suite…)

Compartiment tueurs

vendredi, mars 24th, 2017

« L’important, c’est le mobile ! »

Pour un premier film, Costa Gavras montrait qu’il connaissait déjà la musique et savait conduire une histoire, diriger des acteurs, conclure en temps voulu. Il n’y en a pas tant que ça qui peuvent en dire autant. En tout cas on ne s’ennuie pas une seconde dans Compartiment tueurs, où un meurtre commis dans l’étroit espace d’un train de nuit qui relie la Méditerranée à Paris et, plus étroitement encore, dans le compartiment où s’étagent six couchettes où sont censées dormir six personnages évidemment divers. (suite…)

American pie

mardi, mars 21st, 2017

Le dégorgement du bulbe (rachidien).

Je ne trouve pas du tout inutile – et en tout cas c’est assez amusant – d’aller revoir de temps en temps ce qu’ont été les succès publics d’il y a presque vingt ans, les films qui ne laisseront évidemment aucune trace dans l’histoire du cinéma mais qui auront représenté, dans cette histoire (et mieux encore dans l’histoire du box-office) un instant significatif. American pie aura été un moment formateur dans l’imaginaire des adolescents qui avaient seize ou dix-sept ans au tournant du siècle et qui se sont précisément identifiés à cette troupe étasunienne de leur âge qui se lancent le défi de perdre leur pucelage juste avant d’entrer à l’Université. (suite…)

L’Opéra Mouffe

samedi, mars 18th, 2017

Esquisses.

Qui sait aujourd’hui que la rue Mouffetard, en plein processus de gentrification fut jadis et naguère un des épicentres de la misère parisienne ? La bienheureuse Fille de la Charité Rosalie Rendu s’y était établie pour faire le bien précisément parce que ces confins de Paris étaient désolés (ce n’est pas très loin qu’habite la famille Thénardier des Misérables) et un des meilleurs romans de Georges Simenon, qui s’appelle Le petit saint y est situé. Arrière-cours puantes, taudis sans clarté, escaliers sordides. Tout cela a bien changé aujourd’hui. (suite…)

Un homme de trop

vendredi, mars 17th, 2017

… Ne fait pas le compte.

Une note inférieure à la moyenne, mais une note de faveur parce que les films sur ce qu’on pourrait appeler La vie quotidienne des maquis français ne sont pas très nombreux (à dire vrai, je n’en vois pas) et que Un homme de trop a au moins ce mérite. Mais ce mérite reconnu et l’hommage fait ainsi à l’Histoire, je ne vois pas trop ce qu’il y a à retenir de ce capharnaüm touffu dont n’émerge aucun personnage marquant. (suite…)

La ligne verte

dimanche, mars 12th, 2017

Minnie, petite souris…

Je comprends pourquoi ce film interminable (plus de 3 heures) a plu autant : groupe bien identifié, présence d’un salopard absolument immonde qu’on est vraiment ravi, à la fin, de voir déchu et interné dans un asile, présence d’un être fruste et attachant doté de pouvoirs mentaux exceptionnels, concours de braves gens pour se débarrasser du premier et venir en aide au second, avec en plus ce trésor scénaristique qu’est la prison, sa clôture et sa discipline, ses pensionnaires cinglés, violents, anormaux, cruels. En plus il y a une souris tout à fait charmante dont on ne peut s’empêcher d’admirer la vivacité et l’intelligence. On croirait que c’est fabriqué par un atelier d’écriture étasunien racoleur. (suite…)