Complot de famille

18462111Fripounet et Marisette contre  les gangsters.

Finalement, alors que je n’attendais plus rien d’Alfred Hitchcock, qu’il me fallait simplement, par acquit de conscience, achever le visionnage d’un gros coffret blanc de ses œuvres reçu naguère en héritage, finalement les deux derniers films de son long parcours, Frenzy (1972) et Complot de famille (1976) me conduiraient plutôt à rehausser l’opinion assez médiocre que j’ai du cinéma du gros bonhomme.

Cinéma qui m’a toujours semblé, pour ce que j’en ai vu, à la fois naïf et graveleux (rien d’antagonique là dedans, d’ailleurs), vraisemblablement sous l’influence de l’éducation anglo-saxonne coincée reçue. J’ai l’impression qu’au soir de sa vie et de sa carrière le réalisateur ouvre un peu les vannes et se lance davantage. Et comme par hasard ses personnages féminins ne sont plus des blondasses assez fades de type glaçon scandinave (Ingrid Bergman, Kim Novak, Tippi Hedren, mais des brunes pétulantes… (Ah là là, Alfred, si tu avais connu plus tôt l‘odor di femina !).

18910269-jpg-c_300_300_x-f_jpg-q_x-xxyxxEn tout cas, bon film de série, Complot de famille m’a beaucoup plus intéressé que les prétendus chefs-d’œuvre, le soporifique Fenêtre sur cour, le ridicule Sueurs froides ; le scénario est très habile, complètement invraisemblable mais plaisant et l’entrecroisement des intrigues bien venu. Certes, c’est un fil ténu qui conduit à réunir les vies parallèles d’un couple de petits escrocs, la voyante nymphomane Blanche Tyler (Barbara Harris) et son compagnon taxi George Lumley (Bruce Dern, le père de Laura !) et d’un trio de vrais méchants, Arthur Adamson (William Devane, excellent comme dans Marathon man), sa maîtresse Fran (Karen Black) et Malone (Ed Lauter), âme damnée d’Adamson.

complot-de-famille-1976-07-gC’est emberlificoté et même farfelu, mais c’est mené avec allégresse, un peu comme un serial ; il y a un côté Fantômas tout à fait agréable dans l’entreprise prospère de kidnappings menée par Adamson et Fran, la cachette secrète dans leur maison, où patientent les kidnappés en attendant qu’on verse la rançon qui leur rendra la liberté, l’accoutrement et les mimiques silencieuses de Fran, le somnifère qui agit dans la seconde, le culot infernal des deux brigands… J’ajouterais volontiers le sabotage des freins de la voiture de Blanche et George, mais la course à l’abîme – miraculeusement évité ! – dans la descente d’une route de montagne, si elle commence bien et fait assez frémir, se poursuit d’une façon tellement ridicule, à la façon d’un dessin animé de Tex Avery, avec une Blanche glapissante hystérique qu’on se dit qu’Hitchcock ne maîtrisait pas vraiment son affaire (et en plus, avec ses éternelles transparences, énervantes au plus haut point).

Pour une fois, le happy end est amusant et enlevé, brigands bernés et gentils heureux. C’est un peu Fripounet et Marisette contre les gangsters ; mais au fait qui se souvient de ces deux-là ?

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