Et si on vivait tous ensemble ?

Douteux.

Je suis tombé là-dessus presque par hasard, l’autre soir, sur une des chaînes de Canal+, et j’ai regardé jusqu’au bout, en me demandant où le réalisateur, Stéphane Robelin, dont ça doit être le premier long métrage, voulait nous conduire. Peut-être mon inéluctable rapprochement avec le septuagénat, la sorte de fascination morbide que, passé un certain âge, on ressent pour les perspectives de ce qui va se passer après, lorsque la dégénérescence physique et intellectuelle ne pourra plus être niée.

De ce point de vue, Et si on vivait tous ensemble ? ne se masque pas les yeux, ne s’envole pas vers les contrées idéalisées, doucereuses et consensuelles que la publicité dispense à qui mieux-mieux sur les écrans de télévision, parvenant à faire considérer les colles pour dentier, les prothèses auditives et les couches pour énurésiques comme de merveilleux et délicats cadeaux qu’on serait presque impatient de pouvoir utiliser quand le moment sera venu. Non ! tn_311_600_9061005Les pensionnaires de la Communauté (Mmes Jane Fonda et Geraldine Chaplin, MM. Claude Rich, Guy Bedos et Pierre Richard) ne sont pas miraculeusement préservés des atteintes du Crabe et du camarade Alzheimer. Ils sont vaillants, intelligents, positifs ; ils font tout pour durer le plus possible, c’est une affaire entendue. Pour autant aucun ne paraît avoir lié avec ses enfants une relation de transmission et de continuité : ce sont des soixante-huitards individualistes, dotés de tout l’égoïsme de notre sale génération : chacun doit vivre la vie qu’il veut, personne n’a droit de porter un jugement et gnagnagna.

Il y a un côté crapoteux et dégueulasse qui est bien dans la norme actuelle : l’omniprésence, presque obsédante, de la sexualité. Ah ah, en voilà un beau sujet, pour un réalisateur qui n’a peut-être pas 40 ans : les vieux font-ils l’amour ? Et comment ? Et à quelle occasion ? Et à quelle fréquence ? Entre Claude (Rich) qui court les putes pour les photographier, Jeanne (Fonda) qui s’excite à raconter ses fantasmes à Dirk (Daniel Brühl), le jeune aide ménager recruté par la communauté, Annie (Chaplin) qui se déshabille pour exciter son Jean (Bedos) dans une scène d’une extrême vulgarité, on dirait que tous n’ont que ça à l’esprit…

Bon. C’est un film pour télévisions avides de sujets de société ; j’aurais bien dû regarder autre chose…

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