Halloween

19106164La peur qui fait le trottoir.

Je ne suis pas grand connaisseur (ni grand amateur, il faut dire) de ces histoires de tueurs psychotiques, issus souvent d’enfances traumatisées, qui collectionnent les assassinats perpétrés sur un mode analogue. On appelle, je crois, ce genre le slasher et il est richement représenté dans les modes adolescentes, chaque personnage créé suscitant, à l’aune de son succès, des séquelles à n’en plus finir, jusqu’à 7 ou 8, puis des remakes, généralement plus gore que les originaux.

Si je mets à part l’admirable Massacre à la tronçonneuse de 1974 (mais qui met en scène toute une famille de dégénérés, non pas un individu seul et a donc une dimension presque sociologique), il me semble qu’Halloween en 1978 marque le début d’une longue série de personnages affreux. Viendront ensuite Vendredi 13 (1980), Les griffes de la nuit (1984), Scream (1996) et une kyrielle d’autres morbidités.

halloween3On pourra sûrement me reprendre et me corriger là-dessus, mais pour ce que j’en ai vu, tous ces films sont bâtis sur le même schéma : un tueur fou furieux, martyrisé par mille traumatismes enfantins ou par des hérédités épouvantables (ou les deux, ou pire encore) se venge de l’humanité qu’il déteste en trucidant autour de lui de malheureux jeunes gens qui ne demandaient jusque là qu’à ricaner, fumer des joints et s’envoyer en l’air (j’exagère sans doute un petit peu).

 1tqcoen7q_ofn_wroxjsn9jcqoqMais, donc, Halloween a ouvert la voie et on doit, paraît-il, au film de John Carpenter l’hommage que doivent recevoir les découvreurs, les défricheurs de voies nouvelles. J’en prends acte, mais je me demande si, pour ceux qui ne sont pas des archéologues du genre, tout émerveillés de découvrir ses bulbes primitifs, le film présente beaucoup d’intérêt.
Je dois dire qu’il ne m’a pas semblé une seconde pouvoir susciter ce merveilleux frisson de l’angoisse que l’on recherche, en s’identifiant quelquefois à la victime ou en craignant pour elle les avanies qu’elle va subir. Tout est extrêmement convenu et banalement prévisible. D’abord – règle majeure puritaine anglo-saxonne – seront assassinés les coquins libidineux et coquines complices qui, au mépris de la sage vertu que devraient leur inculquer les pelouses superbement tondues de leurs maisons, boivent du whisky et couchent ensemble. Par suite, l’héroïne sauvée du Mal (et qui, au moins provisoirement, sauvera ses concitoyens) est une oie blanche qui pense plutôt à faire de bonnes études que ressentir le fameux petit frisson (bien qu’elle soit sensible à l’attrait d’un beau jeune homme et potentiellement amoureuse). Enfin, il y a un homme lucide, courageux, ici le docteur Loomis (Donald Pleasence), mais inaudible qui tente d’alerter la paresseuse bourgade (et notamment la police, particulièrement gourde et aveugle) sur les dangers qui menacent la communauté.

halloweenHalloween fonctionne sur ce schéma. Le tueur – qui a commencé jeune : il avait 6 ans lorsqu’il a assassiné sa sœur – s’appelle Michael Myers (Tony Moran). Mais autant Freddy Krueger (Les griffes de la nuit) ou Jason Voorhees (Vendredi 13) ont une personnalité, une apparence, une capacité de terrifier réelles, autant Myers apparait comme un cinglé anonyme. Il se peut que, dans les nombreux films qui ont suivi Halloween, son personnage ait pris un peu de substance, un peu d’épaisseur, mais dans l’ouvrage originel, il n’a pas d’existence. Et dans le genre de l’épouvante, on le sait depuis toujours, c’est le méchant qui fait la qualité de l’effroi.

Dès lors, qu’importe, (au spectateur d’aujourd’hui en tout cas : il se peut que la chose ait alors été novatrice) la belle idée de la caméra subjective qui installe le spectateur au cœur de l’action ; qu’importe le choix fait par Carpenter de l’androgyne Jamie Lee Curtis et de son remarquable égosillement : on s’ennuie un peu et on attend que s’achève l’errance criminelle de Michael Myers au milieu des cottages respectables de la petite ville de l’Illinois. On sait bien qu’à la fin, l’héroïne s’en sortira. Jusqu’à la prochaine fois, en tout cas.

One Response to “Halloween”

  1. Samuel dit :

    Bonjour, impétueux, je vois que tu n’as pas compris ce film à ce que je lis. Toute l’ambiance de Halloween ce fait par rapport à Myers et au fait qu’au début quand il est enfant, on ce demande ce qu’il la poussé à tué sa sœur ? Et c’est justement le côté psychologique de ce personnage qui nous intéresse (le remake plus gore comme tu dit, enfin tu saurait que ce n’est pas le cas si tu l’avais vu, apporte des réponses sur l’enfance de Michael).

    Mais toute l’ambiance instaurée avec la musique aussi de Carpenter, nous glace le sang toujours autant pour ma part. Mais le genre slasher en était à ses débuts, donne lui un peu de crédit, dans les années 80, c’était l’émergeance des séries B. Et si bien que son modèle de 6 jeunes, il n’en restera qu’un (salut Christophe Lambert) et bien il faut chercher au delà, regarde donc les Freddys qui sont les meilleurs exemples.

    Le 1 une peur chronique des rêves (une métaphore de la jeunesse qui ce couche toujours tard, à raison, et de la disparition de l’enfance et des rêves joyeux), le 2, une affaire de possession de dédoublement de la personnalité, un rejet de soi-même, un isolement. Le 3, on est dans un institut d’orphelins (il me semble) et là c’est le 14 juillet pour Freddy.

    Enfin tout ça pour dire, ne met pas tout les œufs dans le même panier. Et ne parle pas de chose que tu n’as pas vu.

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