Il faut vivre dangereusement

ILFAUTVIVREDANGEREUSEMENTPetit truc sans importance.

Il faut vivre dangereusement est le seul long métrage de Claude Makovski, cinéphile, producteur, érudit qui a beaucoup aidé Nelly Kaplan qui l’a poussé à passer un jour derrière la caméra. Dans le supplément du DVD, Makovski, avec une grande franchise et beaucoup de simplicité admet bien volontiers qu’il a tourné honnêtement le film, mais qu’il n’a pas les qualités pour réaliser une œuvre : il n’a pas ce qu’il appelle le regard du cinéaste.

Ça n’empêche pas que ce n’est pas dégradant, qu’on ne s’embête pas, qu’on peut même prendre ici et là du plaisir dans ce cinéma là. C’est farfelu, parodique, ça se veut quelquefois insolite, mais, précisément l’ange du bizarre ne se laisse pas si facilement que ça attraper par les ailes. Et la dernière demi-heure est lassante et tourne en rond, malgré un bel effet d’accident de voiture qui est presque du niveau de celui des Choses de la vie (j’exagère effroyablement pour la commodité de ma démonstration) ; mais ça, je ne cesse de le répéter à cor et à cris : cinéastes ! coupez, coupez, coupez toujours la fin de vos films où vous ramassez pour vous en débarrasser en salopant toutes les solutions aux énigmes que vous avez, souvent élégamment, posées pendant les deux premiers tiers de votre travail ! (Voilà qui me fait songer aux copies de mon adolescence lycéenne, quelquefois ainsi fiévreusement bâclées lors des compositions !).

03cf69fe3294c5544659320c5c632d08Le mieux du film, c’est bien effectivement la distribution, très professionnelle et réussie, même si je trouve qu’Annie Girardot se caricature assez facilement elle-même. il est vrai que, depuis 1972 (La vieille fille), elle est un peu confinée (elle se confine ?) dans des rôles de râleuse primesautière et mutine à franc parler et qu’il a fallu attendre 30 ans et Michael Haneke pour la voir retrouver des rôles dramatiques à la mesure de son talent. Mais Claude Brasseur, en désinvolture et en élégance (presque tout le temps) est exactement comme on l’aime.

Et si on ne pouvait conférer à Sydne Rome d’autre talent que la beauté de ses yeux, de ses seins et de ses fesses, on peut facilement admettre qu’on en a son content (si je puis dire) dans le film. Mylène Demongeot, Roland Lesaffre, Jacques Rispal font le boulot. Et on est tout surpris de voir dans ce petit machin l’incroyable Muni, fétiche de Luis Bunuel que vous vous rappelez sûrement dans Canicule où elle fait une pendue très touchante.

140524033720455543En regardant le début de Il faut vivre dangereusement, où un photographe (en fait, c’est un privé, Claude Brasseur) mitraille à qui mieux mieux un couple adultère, j’ai songé aux premières images de L’important c’est d’aimer où Servais Mont (Fabio Testi) fait de même derrière une glace sans tain ; la comparaison s’arrête vite… jusqu’à ce que l’étrange visage de Roger Blin fasse son entrée : bizarre, comme c’est bizarre : Blin, qui joue Murdoch, dans Il faut vivre, c’est le père de Mont dans L’important

Et puis, comme j’aime tresser des liens entre films qui n’ont pas de rapport entre eux, voici une partie fine avec des masques… Et comment ne pas songer à l’orgie de Somerton, dans Eyes wide shut ? Cela dit, l’une a autant de rapports avec l’autre qu’une merguez de chez Lidl et une poularde demi-deuil de chez Ducasse. Mais c’est assez rigolo à comparer.

Bon. On arrête là. C’est déjà beaucoup pour peu de choses.

Leave a Reply