Le cavalier électrique

600full-the-electric-horseman-posterCaramel chevalin.

Étrangeté sidérante des vingt premières minutes pour un habitant de l’Ancien monde : un type cinq fois champion du monde de rodéo (ça existe donc ?) qui, sa retraite de compétition prise, se retrouve à s’exhiber, sponsorisé par une marque de céréales, décoré en sapin de Noël et plus souvent ivre mort que lucide, devant un public familial aussi niais que tous les publics du monde. Puis l’aveuglante nuit des néons de Las Vegas, le kitsch érigé en système, la vulgarité institutionnalisée, la laideur grassouillette et aurifère dans tous ses états (et je dois m’avouer que si j’avais trois kopecks ou six maravédis à dépenser en voyage dans le Nouveau Continent, c’est là que je choisirais d’aller, plutôt qu’à New York ou à San Francisco ; le spectacle en direct live de la veulerie humaine m’a toujours fasciné).

Crueducine.com-le-cavalier-electrique-photo-2e début du Cavalier électrique est très réussi : on se dit qu’on pourrait trouver là une sorte d’équivalent étasunien au formidable Tandem de Patrice Leconte : un film sur la déchéance de ceux qui furent quelque chose et qui ne sont plus rien. On imagine que Sonny Steele (Robert Redford), l’ancien champion, abruti d’alcool et tenu à bout de bras par de vieux copains qui profitent de sa notoriété en train de couler et de ses dollars qui ne sont pas inépuisables.

Et puis ? Et puis plop, et puis rien, une interminable errance entre le Nevada et l’Utah pour sauver un cheval, dopé comme un champion jamaïcain à qui le cow-boy veut redonner une sorte de dignité en le relâchant dans une sorte de vallée thébaïdique où il retrouvera ses frères fiers coursiers, loin des hommes et de leurs manigances. C’est d’une niaiserie, d’un angélisme accablants, d’un manichéisme à faire rougir…

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Si j’ai bien aimé, de Sidney Pollack, le cruel On achève bien les chevaux, tout le reste de son œuvre me semble très médiocre, à commencer par le méprisable Out of Africa, mais aussi par Tootsie, pâle variation sur l’excellent Victor/Victoria de Blake Edwards ; le type avait assurément plus de talent comme acteur, à preuve le personnage inoubliable du milliardaire Ziegler d’Eyes wide shut.Le cavalier électrique est languissant, nigaud, bêta, écologiste (quelle série de synonymes !). Robert Redford et Jane Fonda s’y traînent en attendant la fin, prévisible et humaniste. On sent d’avance que quelques années plus tard Obama sera élu président des États-Unis.

Dormez, bonnes gens, tout va bien.

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