Ocean’s eleven

Quand je m’endors avec la ville…

Je mettrais volontiers une meilleure note à ce film et même une bonne note, parce que je n’ai rien contre son réalisateur, Steven Soderbergh (quoique son Solaris m’ait plutôt enquiquiné) et parce que les films de casse sont tout de même une des grandes distractions du cinéma et que, quand ils sont réussis ils sont profondément jubilatoires… Ah… quand j’écris quand ils sont réussis, je parle naturellement du casse, toujours ingénieusement réalisé et non de l’issue du film où dans presque tous les cas la morale triomphe et, à la dernière minute, les voleurs sont floués… Souvenons-nous de L’ultime razzia, de Mélodie en sous-sol, du Clan des Siciliens et de tant d’autres… (Au fait, un des rares films où les voleurs triomphent, c’est Les égouts du paradis qui relate le casse de Nice conduit par Bert Spaggiari ; sans doute parce que la réalité est beaucoup moins morale que la fiction !).

J’avais entendu parler d’Ocean’s eleven (2001) avec sympathie et les spectateurs ont tant apprécié le film qu’il a donné suite à deux progénitures, Ocean’s twelve et Ocean’s Thirteen en 2004 et 2007. Comme on a dû se rendre compte du ridicule qu’il y aurait à filmer, dans quelques décennies, Ocean’s Thirty (et ainsi de suite), les producteurs ont eu l’idée – ô combien originale ! – de préparer un Ocean’s eight, un prequel qui doit sortir en 2018. Après tout, pourquoi pas ?

Ce qui m’ennuie, ou, plutôt, me décontenance, c’est que je me suis rapidement endormi devant les aventures de George Clooney, de Brad Pitt et des autres (que je ne connais pas) dans cette sorte de représentation de l’Enfer sur terre, c’est-à-dire Las Vegas, qui est sans doute la ville la plus ridicule du monde et que j’aimerais, pour cette raison, découvrir avant de trépasser, sans avoir aucune velléité réelle de le faire. Mon Dieu ! Que des gens qui ont donné au monde Edgar Poe, Mark Twain, H.P. Lovecraft et William Faulkner (sans parler des grands cinéastes, John Huston ou Stanley Kubrick) aient pu concevoir de telles hideuses et dégoutantes monstruosités est tout de même confondant.

Du peu que je me rappelle (parce que, tout de même, entre deux ronflements que ma femme me signalait gentiment, je regardais douze images par ci, par là), il y a quelques instants brillants, mais qui sont totalement désarticulés par rapport à l’ensemble ; je veux dire par là que le film est une suite de moments de bravoure mais dont les héros n’ont ni épaisseur, ni substance. Les séquences se succèdent, sans cohérence, mais elles sont si rapidement traitées, si peu approfondies qu’on ne comprend rien à ce qui se passe : on suit les péripéties en se demandant où chacune va mener, mais on ne ressent pas cette délicieuse interrogation haletante que l’on apprécie avant tout dans le genre.

J’aurais mauvaise grâce à gloser plus avant, puisque je n’ai pas dû regarder plus d’un tiers du film entre deux somnolences ; tout ce que je sais c’est que cet endormissement n’aurait jamais pu me frapper pour les films que j’ai cités plus haut. Donc les suites Douze, Treize et la séquelle n’auront pas mon suffrage.

Ce dont tout le monde, au demeurant, se contrefiche, ce qui est bien naturel.

Leave a Reply