Rencontres du troisième type

Coquins de martiens !

Je ne me souvenais pas même avoir tenté il y a juste trois ans de regarder ces Rencontres avec de la bonne volonté et m’être endormi au bout de vingt minutes. Cette fois j’ai tenu le coup pendant les 2h17 réglementaires, sans doute parce que j’étais davantage à jeun. Mais à mes yeux ça ne comptera pas dans l’importante et souvent intéressante filmographie de Steven Spielberg, malgré la profusion des moyens mis en œuvre ; il est vrai que des naïvetés (ou des provocations ?) assez imbéciles comme la mise en bonne place de François Truffaut qui incarne un scientifique de premier rang mais qui est incapable de jaspiner la langue anglaise sont de celles qui m’exaspèrent.

Eh bien il me semble que Rencontres du troisième type est précisément du petit niveau un peu ridicule de ces brèves de comptoir, plein de niaiserie et de puérilités. On ne pouvait naturellement pas espérer un film aux interrogations aussi puissantes que 2001 : l’Odyssée de l’espace, inégalé parce qu’inégalable ; et comme on voulait que les extra-terrestres fussent gentils (et même un peu espiègles, pour avoir kidnappé en un demi-siècle, des dizaines de terriens qui n’avaient rien demandé), comme on les voulait bienveillants, on ne pouvait pas angoisser quiconque.

C’est dommage, parce qu’un film aussi délicieusement allègre et corrosif que Mars attacks ! de Tim Burton ou un bien gros blockbuster avec de méchants envahisseurs comme Independence Day de Roland Emmerich, l’un et l’autre en 1996, c’était bien plus distrayant. D’ailleurs Spielberg a compris le coup et en 2005 a tourné sa propre version, bien plus classique, de La guerre des mondes.

Mais hop, presque tout de suite on se focalise sur des histoires individuelles un peu ridicules et, comme dans tous les films plus ou moins catastrophe, la caméra focalise de plus en plus sur le sort de Roy Neary (Richard Dreyfuss) et de Jillian Guiler (Melinda Dillon) et sur leur tentative de rejoindre le lieu où les martiens (ou les jupitériens, ou autre chose) les ont conviés, en les élisant bizarrement, parmi d’autres.

La fin du film, une fois toutes ces péripéties usées jusqu’au trognon, est assez accablante : vingt minutes qui traînent et où Spielberg se donne le plaisir d’utiliser les gros moyens dont il dispose : interminable séquence où les autorités amadouent les extra-terrestres en jouant leur mélopée, attente tout aussi interminable que ces braves gens se manifestent et fin finale avec la libération de tous les kidnappés, remplacés, d’ailleurs, par une vingtaine d’aventuriers qui vont aller voir ce qui se passe du côté de Bételgeuse ou d’Aldébaran.

Franchement, j’aurais aussi bien fait de m’endormir, comme il y a trois ans. Quelqu’un peut-il me dire si E.T. l’extra-terrestre, que je n’ai jamais vu, est aussi dégoulinant d’humanisme idiot ?

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