Mélodramatique et kilométrique.
Qu’est-ce qui m’a retenu de regarder ça il y a cinquante ans, lorsque c’est sorti sur les écrans, pour ne le découvrir qu’aujourd’hui ? Sans doute l’adulation consensuelle de tout le monde et le désastreux succès de la ritournelle Chabadabada du roublard Francis Lai.
Mais qu’est-ce qui m’aurait plu, si j’avais vu ça à l’époque ?
Bon, c’est à peu près tout ; comme tous les films de Claude Lelouch, ça se laisse voir, ça n’est pas exaspérant de prétention, ça ne se veut ni Godard, ni Antonioni, mais il y a pourtant beaucoup de moments creux ou des scènes tournées pour le seul plaisir du réalisateur et sans doute celui de ses acteurs : ainsi les interminables séquences en voiture, sur la route, en rallye, ou sur la piste de Montlhéry (on sait que Jean-Louis Trintignant était le neveu de Pétoulet, Maurice Trintignant, double vainqueur du Grand prix de Monaco et était lui-même féru de courses automobiles). La Normandie mouillée et les enfants confiés à des institutions privées dispendieuses touchent là beaucoup moins que les mêmes contrées et situations filmées dans Un singe en hiver.
Il y a aussi des moments d’un ridicule consternant : ainsi la mort de Pierre (Pierre Barouh) le cascadeur mari d’Anne (Anouk Aimée) qui saute sur une mine lors d’un tournage, ainsi le suicide de Valérie Duroc (Valérie Lagrange), ainsi le rêve absurde de Trintignant se voyant en maquereau relevant les compteurs de ces dames. Et la fin du film est bien niaise.
Mais enfin ! Cela a valu des myriades de récompenses à toute l’équipe et un succès éclatant qui a permis à Lelouch de poursuivre son petit bonhomme de chemin…