Tumultes

Ciels gris, ciels bleus.

Des films qui racontent une douloureuse histoire de famille, avec ses rancœurs, ses erreurs, ses secrets, ses incertitudes, ses sacs qu’on vide, mais aussi les liens profonds qui unissent parents et enfants, les grands moments de complicité, les retrouvailles autour des souvenirs d’enfance, des films, donc, qui s’insinuent dans une intimité que nous connaissons à peu près tous, malgré les particularités, il y en a une foule. Parmi ceux que j’ai vus il y a peu, je me rappelle Le fils de Jean de Philippe Lioret ou Juste la fin du monde de Xavier Dolan. Rien qui m’ait vraiment convaincu, au demeurant.

Dans Tumultes, dès l’abord, sur de très belles images du ciel changeant des Côtes d’Armor (normal : elles sont d’Yves Angelo), on entre dans la douleur du deuil d’un enfant. Patrick, le seul garçon de la fratrie, le cadet, jumeau de Claude (Laure Marsac) vient de mourir, on ne sait pas trop pourquoi ni comment et toute la famille est ravagée. Adrien, le père, le taciturne (Bruno Cremer), mareyeur à la tête d’une affaire qu’on imagine très prospère. Sa femme (Nelly Borgeaud), tellement douloureuse qu’elle confine à la folie et refuse d’admettre la réalité. La sœur aînée (Julie Jézéquel), modèle de mesure, de courage, de dévouement. Claude, donc, la jumelle effarée de la disparition de l’autre partie d’elle-même. Et arrive un peu plus tard Isabelle (Clotilde de Bayser), la révoltée, la rebelle, qui est partie il y a longtemps et ne revient pas souvent.

On n’a rien contre ces huis-clos tendus et désolés, lourds de drames et de non-dits. Surtout lorsqu’ils sont interprétés par d’aussi excellents comédiens. On sait bien que Bruno Cremer peut parfaitement assurer le rôle d’un père solide et taciturne. Je ne connais pas bien Nelly Borgeaud, mère ravagée, qui a beaucoup tourné avec Alain Resnais, mais elle n’est pas médiocre du tout. Clotilde de Bayser est surtout actrice de théâtre (Comédie française) et Laure Marsac est particulièrement intéressante. Depuis bien longtemps je me demande pourquoi Julie Jézéquel n’a pas connu une bien plus éclatante carrière : dans des rôles quelquefois très secondaires (L’étoile du Nord de Pierre Granier-Deferre en 1982, Tandem de Patrice Leconte en 1987), elle marquait son territoire d’une façon très déterminée, avec une petite touche de perversité.

Très belle photo, excellents acteurs, scénario un peu banal mais porteur d’émotions, qu’est-ce qui manque pour réaliser un bon film ? Malheureusement beaucoup…

Sans doute, au fur et à mesure que le récit progresse et dévoile un peu les intimités de chacun, qu’on apprend que Patrick, en fait, s’est suicidé, les personnages prennent-ils de la substance. Mais cela ne compense pas la pâleur des dialogues, qui ont tendance à être bien verbeux. Dans ce genre de drame, c’est la sécheresse qui a du sens, non l’amphigouri.

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