Boulevard

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On n’y croit pas…

Pour capter les émotions et les sensibilités de la jeunesse, surtout à des moments cruciaux où les modes de vie sont bousculés par l’évolution des temps, il faut bénéficier de singulières empathies que même les plus grands n’ont pas ; à preuve les médiocres et surévalués Tricheurs et le pitoyable Terrain vague de Marcel Carné, à preuve ce Boulevard bien décevant de Julien Duvivier.

Parce qu’il ne suffit pas de se précipiter sur un jeune homme, révélation de l’année précédente, Jean-Pierre Léaud tout auréolé du succès et de la formidable adéquation avec l’époque des Quatre cents coups pour réaliser un film dans l’air du temps ; au contraire, on plaque très artificiellement une anecdote archaïque et niaise sur une réalité qu’on a déjà vue bien mieux dépeinte : et ça paraît, d’un seul coup terriblement démodé.

C’est là, bien davantage que dans des tas d’autres films, que je perçois ce qu’a pu apporter la Nouvelle vague et ce en quoi elle a, d’un seul coup, enterré des sujets et des thèmes que d’autres n’ont plus pu réaliser. Ce qui ne signifie évidemment pas que des Carné ou des Duvivier ne pouvaient plus tourner de grands films (d’ailleurs, un an avant Boulevard, Duvivier réalise Marie-Octobre qui est un chef-d’œuvre et le cinéma d’un Lautner, par exemple, est bien plus dans le fil de la Qualité française que celui de la Nouvelle vague (c’est une litote !), mais ce qui dit clairement que certains sujets ont basculé.

Écrivant ceci, me vient à l’esprit qu’un seul homme d’âge (et même, désormais, de grand âge) a su, à tout moment parler justement de la jeunesse : c’est Éric Rohmer ; mais ceci est une autre histoire…

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