Un homme est mort

octobre 19th, 2024

On ne joue pas comme ça dans la cour des grands.

De fait, de Jacques Deray qui a touché presque à tout, la carrière est abondante et les réalisations sont multiples. Bel artisan du cinéma, quelquefois avec des films superbes comme La piscine (1969), Flic story (1975), Un papillon sur. l’épaule (1978), On ne meurt que deux fois (1985), ou même Rififi à Tokyo (1962), Symphonie pour un massacre (1963). Mais aussi des histoires mal ou peu ficelées par exemple Borsalino, (1970), Le solitaire] (1987) ou Netchaiev est de retour (1991). Read the rest of this entry »

Baratin

octobre 9th, 2024

Dans l’océan des âges.

Comme il y a bien longtemps que je ne vais plus au cinéma voir chaque semaine la quinzaine de films qui s’éparpillent sur les écrans, je ne suis pas franchement capable de dire si les réalisations d’aujourd’hui peuvent être aussi médiocres que celles d’il y a presque 70 ans. Les vieux machins de mon genre ont souvent tendance à dire (un peu moins à croire) que le cinéma de jadis était un art majuscule constellé de chefs d’œuvre. Et qu’ainsi, en 1956, date de sortie de Baratin dont je me propose de vous entretenir, on ne voyait dans les salles que Michel Strogoff de Carmine Gallone, que  Guerre et Paix,de King Vidor, que Notre-Dame de Paris de Jean Delannoy, que La Traversée de Paris de Claude Autant-Lara, que Le Chanteur de Mexico de Richard Pottier, que Le monde du silence de Jacques-Yves Cousteau, que La Fureur de vivre de Nicholas Ray que Trapèze de Carol Reed, que Gervaise de René Clément… Quelques grands films, quelques films très remarquables. Read the rest of this entry »

Bagarres

octobre 1st, 2024

Campagnes sauvages.

Qu’est-ce qui m’a poussé à regarder un film de 1948 aussi peu notoire, tourné par un réalisateur de troisième rang, Henri Calef, bien que j’aie assez apprécié de lui Jéricho (1946), film sensible sur la Résistance ? Qu’est-ce qui m’a poussé alors que j’apprécie peu le visage en lame de couteau de Maria Casares l’œil vide et la bouche amère d’Orane Demazis,l’air dégouté, méprisant de Roger Pigaut (qui n’est bon que dans Douce parce que sa veulerie physique correspond au personnage du film) ? Certes, dans Bagarres il y a le toujours excellent Jean Brochard, le vieil Edouard Delmont qu’on aime retrouver et même Marcel Mouloudji qui sait mettre dans son jeu la folie nécessaire. Read the rest of this entry »

Funny games USA

septembre 28th, 2024

Les démons.

Je viens de découvrir le remake exact que Michael Haneke a réalisé en 2007 de son Funny games de 1997 et, bien que j’y aie pris un intérêt extrême, je ne vois toujours pas la raison de tourner dix ans après le premier un film absolument identique, avec d’autres acteurs, bien sûr, mais des décors intérieurs et extérieurs à peu près analogues et un découpage reproduisant toutes les séquences et la chronologie du premier film. Et surtout en reprenant l’esprit diabolique. On pourra toujours me dire que pour faire connaître son œuvre au marché étasunien, qui n’accepte pas d’accueillir les films venus d’Outre-Atlantique, Michael Haneke n’avait pas d’autre solution et on n’aura pas tort. Mais cela en dit long sur l’état des choses et la dépendance culturelle de l’Europe (qui accepte d’ailleurs cette situation avec l’adulation de l’esclave pour son maitre). Read the rest of this entry »

Le tonnerre de Dieu

septembre 25th, 2024

Le seigneur du château.

Je ne suis pas de ceux qui chantent monts et merveilles pour ce Gabin tardif. Le tonnerre de Dieu (1965) est plutôt meilleur que nombre de films de l’acteur dans cette époque, meilleur largement que Maigret voit rouge (1963) ou L’âge ingrat (1964) l’un et l’autre de Gilles Grangier, meilleur que Le jardinier d’Argenteuil (1966) de Jean-Paul Le Chanois ou que Le tatoué (1968) du même Denys de La Patellière qui a donc adapté à l’écran le roman Qui m’emporte de Bernard Clavel. Notons d’ailleurs pour autant que Le tonnerre de Dieu a été un des très grands succès publics de Gabin : plus de 4 millions de spectateurs. Read the rest of this entry »

Pas un n’échappera

septembre 23rd, 2024

Nuremberg anticipé.

En 1943 il ne faisait pas de doutes, au moins aux États-Unis, que ce qui se passait en Europe occupée sous la botte allemande était un tissu de monstruosités et que s’y passaient des abominations qui dépassaient de loin les mœurs habituelles de la guerre. Il était donc primordial de dire haut et fort qu’après la victoire, la camarilla nazie devrait répondre de ses actes devant des tribunaux et montrer clairement à l’opinion internationale que c’était bien le Diable qui avait été vaincu. Read the rest of this entry »

La grande sauterelle

septembre 21st, 2024

Comme elle était belle !

Georges Lautner a sans discussion été le maître du cinéma de grand public du dernier tiers (et un peu plus) du dernier siècle, un peu comme Gilles Grangier quelques années auparavant. Cinéma de grand public, cinéma populaire si l’on préfère. Et rien là n’est péjoratif. D’autant que si Lautner a beaucoup tourné, sans doute un peu trop, il a réalisé quelques-uns des chefs-d’œuvre du genre, Le monocle rit jauneLes tontons flingueursFlic ou voyou, par exemple… mais aussi quelques forts ratages, Le monocle noirQuelques messieurs trop tranquillesJoyeuses Pâques. C’est le sort des réalisateurs compulsifs, incapables de prendre le temps, tournant un ou deux films chaque année. Read the rest of this entry »

La fièvre du samedi soir

septembre 17th, 2024

La splendeur triste du disco.

J’imaginais, sans avoir jamais vu le film jusqu’alors que La fièvre du samedi soir (1977) était de la même eau que Grease, sorti l’année suivante, c’est-à-dire une sorte de comédie musicale disco légère et dansante, pleine de séquences virtuoses et un peu ringardes. Une histoire de collégiens adolescents qui font des bêtises guère méchantes, se chipent les jolies filles et trompent leur ennui dans les interminables bourgades des États-Unis. Ce qui est resté du film, presque cinquante ans après sa sortie, sa bande musicale et les chansons trépidantes (principalement des Bee gees) me confortait dans ce préjugé. Read the rest of this entry »

Le manuscrit trouvé à Saragosse

septembre 11th, 2024

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Picaresque compliqué

Assez amateur, en matière de littérature, des ces « romans à tiroirs » que Sterne (Tristam Shandy) ou Diderot (Jacques le fataliste, Le neveu de Rameau) ont institué, de manière bien séduisante, je pensais découvrir dans ce Manuscrit trouvé à Saragosse au beau titre énigmatique, un de ces bijoux rares, sans ascendance ni postérité que le cinéma recèle quelquefois.

Et puis l’exotisme d’une Espagne d’après le Siècle d’Or, qui s’assoupit, anesthésiée par les richesses des Amériques, sans se rendre compte qu’elle devient pour trois siècles la Belle Endormie de l’Europe, une Espagne contée, qui plus est par un Polonais qui a écrit, à partir de 1797, un livre foisonnant, directement en langue française, et mise en scène par un autre Polonais, tout cela satisfaisait mon goût pour un certain baroque. Read the rest of this entry »

Extase

septembre 9th, 2024

Aucune origine n’est belle.

Il faut bien que jeunesse se passe et que les expériences se fassent ! Dieu sait si j’apprécie le courage, la détermination de Cheyenne Carron qui, depuis près de vingt ans tourne, sans aucune aide publique, à peu près un film par an. Et le plus souvent des films construits, élaborés, tournés sans moyens, sans publicité mais qui parvient peu à peu à trouver des publics et même (pour les derniers venus) des soutiens financiers. On voit, dans cette petite niche cinématographique combien le système de production et de distribution français est biaisé, est anormal, est injuste.

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