Archive for the ‘Chroniques de films’ Category

Plus de whisky pour Callaghan

dimanche, décembre 8th, 2024

Heureusement bref, malheureusement idiot.

Il me semble possible d’apprendre sur une époque tout autant en regardant de très mauvais films qu’en regardant de bons. Et si ça se trouve même, davantage tant on a des perspectives tout ouvertes sur certaines dispositions bizarres de la nature humaine, notamment du mauvais goût des spectateurs d’une époque ; le pire que j’en ai été et je me souviens, presque soixante-dix ans plus tard combien Plus de whisky pour Callaghan avait emballé le môme dévoreur de cinéma que j’étais. Emballé notamment par le jeu de mots terminal dont je vous dirai un mot un peu plus avant si vous avez la faiblesse de me lire.
(suite…)

À toi de jouer, Callaghan !

mardi, décembre 3rd, 2024

De dixième ordre.

Peu féru de romans policiers et donc guère connaisseur du genre, mais toujours soucieux d’élargir les bornes de ma science, je serais particulièrement reconnaissant à un amateur qui m’expliquerait clairement les différences des personnages issus de la plume fertile de Peter Cheyney (1896 – 1951) c’est-à-dire Lemmy Caution et Slim Callaghan ; différences de caractère, de comportement, de façons de faire qui peuvent exister entre eux, qui sont tous deux des aventuriers, aimant les bagarre, les belles voitures, la vie dorée des palaces, l’un et l’autre étant aimés des femmes plutôt légères et les aimant tout autant. (suite…)

La dérobade

dimanche, novembre 17th, 2024

Les bas-fonds.

Le titre du film, La dérobade, ne me paraît pas absolument convenir à cette histoire forte et effrayante, même s’il est adapté du roman autobiographique de Jeanne Cordelier ; celle-ci, issue de la misère noire et de l’abjection familiale, autodidacte et devenue auteur de renommée internationale a relaté sous un jour presque documentaire la vie de celles qu’on a du mal à nommer filles de joie. On est bien loin de la chaleur endormeuse de La maison Tellier (Le plaisir) de Max Ophuls, de Dédée d’Anvers d’Yves Allégret de La petite de Louis Malle, de la petite entreprise individuelle d’Irma la Douce de Billy Wilder, de Jamais le dimanche de Jules Dassin, même des Nuits de Cabiria de Federico Fellini et plus encore de la perversion sophistiquée de Belle de jour de Luis Buñuel… Et de de tant d’autres films. Dans La dérobade, la prostitution est présentée sous son jour le plus sordide, le plus violent, le plus cruel. (suite…)

Vanya 42ème rue

jeudi, novembre 7th, 2024

Tout finit bien puisque tout finit…

Je ne suis pas féru le moins du monde de théâtre et je ne supporte guère, au cinéma, les adaptations de pièce que lorsque le réalisateur fait virevolter ses comédiens d’un bout à l’autre de l’écran. On a jadis écrit, à propos de Marius ces phrases très éclairantes qui définissent parfaitement ce que je pense : Il y a cette mobilité qui n’appartient qu’au 7ème art qui permet d’être dans la scène et non simplement devant. La caméra « prend du champ » ou, au contraire, « resserre » le plan autour des protagonistes selon les besoins d’intensité dramatique du moment. La lumière, si difficile à maîtriser au théâtre, est ici une alliée « objective » dont la variation subtile est un langage en soi. En d’autres termes, si j’ai beaucoup aimé le Cyrano de Jean-Paul Rappeneau, c’est bien parce c’est aussi vraiment du cinéma. (suite…)

Saint-Omer

mercredi, octobre 23rd, 2024

Juger, c’est refuser de comprendre.

Après avoir tourné bon nombre de documentaires bien-pensants qui ne sont pas tous inintéressants (Nous 2021) généralement consacrés à la douleur de l’exil des Africains en France (mais alors pourquoi ne pas revenir dans le pays dont on est issu ?), Alice Diop a réalisé son premier film en 2022.

Un film adapté d’une malheureuse histoire vraie,  étrange et toujours mystérieuse affaire survenue en novembre 2013 dans la nuit venteuse et sûrement glaciale d’une plage de Berck-sur-mer dans le Pas-de-Calais. (suite…)

Un homme est mort

samedi, octobre 19th, 2024

On ne joue pas comme ça dans la cour des grands.

De fait, de Jacques Deray qui a touché presque à tout, la carrière est abondante et les réalisations sont multiples. Bel artisan du cinéma, quelquefois avec des films superbes comme La piscine (1969), Flic story (1975), Un papillon sur. l’épaule (1978), On ne meurt que deux fois (1985), ou même Rififi à Tokyo (1962), Symphonie pour un massacre (1963). Mais aussi des histoires mal ou peu ficelées par exemple Borsalino, (1970), Le solitaire] (1987) ou Netchaiev est de retour (1991). (suite…)

Baratin

mercredi, octobre 9th, 2024

Dans l’océan des âges.

Comme il y a bien longtemps que je ne vais plus au cinéma voir chaque semaine la quinzaine de films qui s’éparpillent sur les écrans, je ne suis pas franchement capable de dire si les réalisations d’aujourd’hui peuvent être aussi médiocres que celles d’il y a presque 70 ans. Les vieux machins de mon genre ont souvent tendance à dire (un peu moins à croire) que le cinéma de jadis était un art majuscule constellé de chefs d’œuvre. Et qu’ainsi, en 1956, date de sortie de Baratin dont je me propose de vous entretenir, on ne voyait dans les salles que Michel Strogoff de Carmine Gallone, que  Guerre et Paix,de King Vidor, que Notre-Dame de Paris de Jean Delannoy, que La Traversée de Paris de Claude Autant-Lara, que Le Chanteur de Mexico de Richard Pottier, que Le monde du silence de Jacques-Yves Cousteau, que La Fureur de vivre de Nicholas Ray que Trapèze de Carol Reed, que Gervaise de René Clément… Quelques grands films, quelques films très remarquables. (suite…)

Bagarres

mardi, octobre 1st, 2024

Campagnes sauvages.

Qu’est-ce qui m’a poussé à regarder un film de 1948 aussi peu notoire, tourné par un réalisateur de troisième rang, Henri Calef, bien que j’aie assez apprécié de lui Jéricho (1946), film sensible sur la Résistance ? Qu’est-ce qui m’a poussé alors que j’apprécie peu le visage en lame de couteau de Maria Casares l’œil vide et la bouche amère d’Orane Demazis,l’air dégouté, méprisant de Roger Pigaut (qui n’est bon que dans Douce parce que sa veulerie physique correspond au personnage du film) ? Certes, dans Bagarres il y a le toujours excellent Jean Brochard, le vieil Edouard Delmont qu’on aime retrouver et même Marcel Mouloudji qui sait mettre dans son jeu la folie nécessaire. (suite…)

Funny games USA

samedi, septembre 28th, 2024

Les démons.

Je viens de découvrir le remake exact que Michael Haneke a réalisé en 2007 de son Funny games de 1997 et, bien que j’y aie pris un intérêt extrême, je ne vois toujours pas la raison de tourner dix ans après le premier un film absolument identique, avec d’autres acteurs, bien sûr, mais des décors intérieurs et extérieurs à peu près analogues et un découpage reproduisant toutes les séquences et la chronologie du premier film. Et surtout en reprenant l’esprit diabolique. On pourra toujours me dire que pour faire connaître son œuvre au marché étasunien, qui n’accepte pas d’accueillir les films venus d’Outre-Atlantique, Michael Haneke n’avait pas d’autre solution et on n’aura pas tort. Mais cela en dit long sur l’état des choses et la dépendance culturelle de l’Europe (qui accepte d’ailleurs cette situation avec l’adulation de l’esclave pour son maitre). (suite…)

Le tonnerre de Dieu

mercredi, septembre 25th, 2024

Le seigneur du château.

Je ne suis pas de ceux qui chantent monts et merveilles pour ce Gabin tardif. Le tonnerre de Dieu (1965) est plutôt meilleur que nombre de films de l’acteur dans cette époque, meilleur largement que Maigret voit rouge (1963) ou L’âge ingrat (1964) l’un et l’autre de Gilles Grangier, meilleur que Le jardinier d’Argenteuil (1966) de Jean-Paul Le Chanois ou que Le tatoué (1968) du même Denys de La Patellière qui a donc adapté à l’écran le roman Qui m’emporte de Bernard Clavel. Notons d’ailleurs pour autant que Le tonnerre de Dieu a été un des très grands succès publics de Gabin : plus de 4 millions de spectateurs. (suite…)