Archive for the ‘Chroniques de films’ Category

Bagarres

mardi, octobre 1st, 2024

Campagnes sauvages.

Qu’est-ce qui m’a poussé à regarder un film de 1948 aussi peu notoire, tourné par un réalisateur de troisième rang, Henri Calef, bien que j’aie assez apprécié de lui Jéricho (1946), film sensible sur la Résistance ? Qu’est-ce qui m’a poussé alors que j’apprécie peu le visage en lame de couteau de Maria Casares l’œil vide et la bouche amère d’Orane Demazis,l’air dégouté, méprisant de Roger Pigaut (qui n’est bon que dans Douce parce que sa veulerie physique correspond au personnage du film) ? Certes, dans Bagarres il y a le toujours excellent Jean Brochard, le vieil Edouard Delmont qu’on aime retrouver et même Marcel Mouloudji qui sait mettre dans son jeu la folie nécessaire. (suite…)

Funny games USA

samedi, septembre 28th, 2024

Les démons.

Je viens de découvrir le remake exact que Michael Haneke a réalisé en 2007 de son Funny games de 1997 et, bien que j’y aie pris un intérêt extrême, je ne vois toujours pas la raison de tourner dix ans après le premier un film absolument identique, avec d’autres acteurs, bien sûr, mais des décors intérieurs et extérieurs à peu près analogues et un découpage reproduisant toutes les séquences et la chronologie du premier film. Et surtout en reprenant l’esprit diabolique. On pourra toujours me dire que pour faire connaître son œuvre au marché étasunien, qui n’accepte pas d’accueillir les films venus d’Outre-Atlantique, Michael Haneke n’avait pas d’autre solution et on n’aura pas tort. Mais cela en dit long sur l’état des choses et la dépendance culturelle de l’Europe (qui accepte d’ailleurs cette situation avec l’adulation de l’esclave pour son maitre). (suite…)

Le tonnerre de Dieu

mercredi, septembre 25th, 2024

Le seigneur du château.

Je ne suis pas de ceux qui chantent monts et merveilles pour ce Gabin tardif. Le tonnerre de Dieu (1965) est plutôt meilleur que nombre de films de l’acteur dans cette époque, meilleur largement que Maigret voit rouge (1963) ou L’âge ingrat (1964) l’un et l’autre de Gilles Grangier, meilleur que Le jardinier d’Argenteuil (1966) de Jean-Paul Le Chanois ou que Le tatoué (1968) du même Denys de La Patellière qui a donc adapté à l’écran le roman Qui m’emporte de Bernard Clavel. Notons d’ailleurs pour autant que Le tonnerre de Dieu a été un des très grands succès publics de Gabin : plus de 4 millions de spectateurs. (suite…)

Pas un n’échappera

lundi, septembre 23rd, 2024

Nuremberg anticipé.

En 1943 il ne faisait pas de doutes, au moins aux États-Unis, que ce qui se passait en Europe occupée sous la botte allemande était un tissu de monstruosités et que s’y passaient des abominations qui dépassaient de loin les mœurs habituelles de la guerre. Il était donc primordial de dire haut et fort qu’après la victoire, la camarilla nazie devrait répondre de ses actes devant des tribunaux et montrer clairement à l’opinion internationale que c’était bien le Diable qui avait été vaincu. (suite…)

La grande sauterelle

samedi, septembre 21st, 2024

Comme elle était belle !

Georges Lautner a sans discussion été le maître du cinéma de grand public du dernier tiers (et un peu plus) du dernier siècle, un peu comme Gilles Grangier quelques années auparavant. Cinéma de grand public, cinéma populaire si l’on préfère. Et rien là n’est péjoratif. D’autant que si Lautner a beaucoup tourné, sans doute un peu trop, il a réalisé quelques-uns des chefs-d’œuvre du genre, Le monocle rit jauneLes tontons flingueursFlic ou voyou, par exemple… mais aussi quelques forts ratages, Le monocle noirQuelques messieurs trop tranquillesJoyeuses Pâques. C’est le sort des réalisateurs compulsifs, incapables de prendre le temps, tournant un ou deux films chaque année. (suite…)

Le manuscrit trouvé à Saragosse

mercredi, septembre 11th, 2024

manuscrit_saragosse1

Picaresque compliqué

Assez amateur, en matière de littérature, des ces « romans à tiroirs » que Sterne (Tristam Shandy) ou Diderot (Jacques le fataliste, Le neveu de Rameau) ont institué, de manière bien séduisante, je pensais découvrir dans ce Manuscrit trouvé à Saragosse au beau titre énigmatique, un de ces bijoux rares, sans ascendance ni postérité que le cinéma recèle quelquefois.

Et puis l’exotisme d’une Espagne d’après le Siècle d’Or, qui s’assoupit, anesthésiée par les richesses des Amériques, sans se rendre compte qu’elle devient pour trois siècles la Belle Endormie de l’Europe, une Espagne contée, qui plus est par un Polonais qui a écrit, à partir de 1797, un livre foisonnant, directement en langue française, et mise en scène par un autre Polonais, tout cela satisfaisait mon goût pour un certain baroque. (suite…)

Extase

lundi, septembre 9th, 2024

Aucune origine n’est belle.

Il faut bien que jeunesse se passe et que les expériences se fassent ! Dieu sait si j’apprécie le courage, la détermination de Cheyenne Carron qui, depuis près de vingt ans tourne, sans aucune aide publique, à peu près un film par an. Et le plus souvent des films construits, élaborés, tournés sans moyens, sans publicité mais qui parvient peu à peu à trouver des publics et même (pour les derniers venus) des soutiens financiers. On voit, dans cette petite niche cinématographique combien le système de production et de distribution français est biaisé, est anormal, est injuste.

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Dites-lui que je l’aime

samedi, septembre 7th, 2024

À caractère orageux.

Le deuxième film de Claude Miller a été un échec cinglant alors que son premier, La meilleure façon de marcher avait été regardé et célébré. On se demande pourquoi il n’y a pas eu d’acceptation d’un ouvrage doté d’un scénario habile et intelligent (tiré d’un roman de Patricia Highsmith au demeurant) et très bien interprété par les alors bien jeunes Gérard DepardieuMiou-Miou voire Dominique Laffin et par le tonitruant, surprenant, exceptionnel Claude Piéplu. Des maladresses, ici et là, une conclusion inutile, même choquante et des mystères qui fricotent et qui ne s’imposaient pas. (suite…)

L’homme qui vendit son âme

jeudi, septembre 5th, 2024

L’enfer du pacte.

Le mythe d’un pacte entre les Puissances des ténèbres et un homme à qui sont accordées jeunesse, puissance, savoir, fortune contre la cession de son âme immortelle est très ancien. L’Antiquité et le Moyen-Âge ont connu des récits ainsi inspirés mais la légende prend vraiment tournure dans le Faustbuch anonyme de 1587. Puis naturellement les deux versions (1808 et 1832) de Goethe et sans doute une grande palette de variations. Au cinéma beaucoup de titres aussi : par exemple La main du diable de Maurice Tourneur (1943), La beauté du Diable de René Clair (1950), le trop méconnu Marguerite de la nuit de Claude Autant-Lara (1955).
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Le Roi de cœur

mardi, septembre 3rd, 2024

Étrange burlesque.

L’enthousiasme de certains amateurs pour  Le Roi de cœur me stupéfait. Là où on a vu fantaisie, poésie, légèreté, magie, je n’ai trouvé que bric-à-brac idiot, ennui profond, inanité du récit et des personnages ; je n’ai de crédit que pour quelques belles images de la belle ville de Sentis et pour les thèmes musicaux de Georges Delerue. Comment se fait-il que mon point de vue, si souvent analogue à certains que j’estime soit ici tellement différent ?

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