Le cinéma des années qui ont suivi la grande crise de 1929 – le cinéma qui, finalement, correspond à la grande expansion du parlant – est plutôt intéressant. Quelquefois ambigu, d’ailleurs. Doit-il inonder les écrans de féeries chatoyantes, dansées, musicales, présenter des monstres terrifiants c’est-à-dire tenter de faire oublier par des moyens antagoniques, mais nullement différents, en fin de compte, la réalité quotidienne de la crise et de la misère ? Doit-il – ce qui est plus subtil – faire surgir un bout de critique sociale ? Cela, bien sûr, sans appel révolutionnaire au renversement de la table et de l’écrasement des possédants ; car les États-Unis, terre de pionniers animés d’un rêve, n’ont jamais marché dans les billevesées égalitaires. En d’autres termes, mieux vaut la charité efficace que l’utopie révolutionnaire à la fois sauvage et inutile. (suite…)
Archive for the ‘Chroniques de films’ Category
Mon homme Godfrey
mardi, mars 28th, 2023La soupe au canard
dimanche, mars 26th, 2023Mais quelle nullité, quelle imposture, quel accablement ! Je ne vois rien, absolument rien à sauver dans cette Soupe au canard bien médiocrement préparée par Leo McCarey qui laisse pantois devant sa bêtise intrinsèque, son absence de tout ressort comique, par la moindre idée de mise en scène. Et qui recueille pourtant des hommages aussi déférents que ridicules des professionnels de la profession qui tiennent La soupe au canard pour le meilleur film de ces galopins de Marx brothers. Seigneur ! est-il possible de tenir ces trois (ou quatre) crétins pour le sommet de la production burlesque et de les encenser jusqu’à plus soif ? (suite…)
Inside man
samedi, mars 25th, 2023Violence des échanges en milieu tempéré.
Comme c’est chichiteux, compliqué, en fin de compte torturé ! Quelle histoire idiote à peu près incompréhensible, où l’on se demande à chaque séquence à quoi elle peut aboutir ! Je suis certainement sévèrement atteint par les premières atteintes d’Alzheimer, mais je n’ai pas compris grand chose à cette histoire de bande qui vient commettre un casse dans une banque new-yorkaise, ne pique absolument rien sinon les preuves de la vénalité absolue du créateur de la banque, Arthur Case (Christopher Plummer) qui a fricoté avec les Allemands pendant la guerre et a ainsi bâti sa fortune. (suite…)
Être et avoir
mardi, mars 21st, 2023Voilà un petit miracle de tendresse et de qualité, filmé dans une France qui va bientôt ne plus exister. Celle où des instituteurs bienveillants, rigoureux, sereins, tentent de transmettre à de petits enfants tout ce qui fut la gloire de notre pays. Réactionnaire le film ? Bien sûr ! Et comment ! Un maître d’école semblable à ceux qui ont forgé le siècle et demi passé en s’appliquant à donner à tous les enfants les élémentaires Être et avoir ; c’est-à-dire les bases absolues de notre commune appartenance. Dans un petit, très petit village du Puy-de-Dôme, quelques gamins qui, sans doute, succéderont à leurs parents, à la charrue et à la moissonneuse, un instituteur qui a la passion de son métier d’éveilleur. (suite…)
96 heures
dimanche, mars 19th, 2023J’ai le sentiment que tout le monde partage le point de vue que 96 heures, parti sur des chapeaux de roues, avec fièvre, tension, anxiété, montage serré, lumières sales se termine en eau de boudin, même de façon complétement ridicule. Les dernières vingt minutes font s’effondrer le jugement très positif que jusqu’alors on pouvait porter et, le mot Fin apparu sur l’écran, on est bien content que ce soit terminé, tant on se demandait jusqu’ou Frédéric Schœndœrffer allait pouvoir abîmer un film pourtant sacrément bien engagé. (suite…)
Sherlock Holmes
samedi, mars 18th, 2023J’ai l’impression que les auteurs et le réalisateur ont instillé, pour leur jeune public, quelques exercices obligés dès que l’on évoque le magnifique détective créé par Conan Doyle : notamment la capacité de déduire, à partir de quelques traces ou indices, la nature, la profession, le cheminement de ceux devant qui il se trouve ; indices dont il va s’emparer pour démonter les certitudes et les évidences ou clouer au sol les déterminations en rase-mottes des policiers butés. Aussi sa connaissance encyclopédique de toutes les substances, machineries, complications, mécaniques de son époque ; d’ailleurs il est bien certain que Ian Fleming, en créant son personnage de James Bond s’est inspiré de la polyvalence de ce héros mélancolique, mélomane et dépressif. (suite…)
Le sang des bêtes
vendredi, mars 17th, 2023J’ai entendu dire à la radio aujourd’hui qu’il est envisagé d’interdire les tapis nappés d’une glu très forte, sur quoi on pose un appât, dispositif qui permet d’éliminer les souris. Un moyen beaucoup plus efficace que la traditionnelle tapette pour se débarrasser de ces satanés rongeurs qui infestent les appartements ; nous nous sommes réjouis, ma femme et moi, cette année passée de constater la mort de trois bestioles, la dernière il n’y a pas huit jours. Mais, naturellement, on imagine volontiers que l’animal met quelque temps de passer de vie à trépas. Donc, de lumineux amis des bêtes – de ceux qui habituellement se fichent des razzias de Boko Haram dans le Sahel, des persécutions de chrétiens aux Proche et Extrême Orient, des assassinats continuels des favelas de Rio et des braves gens du Mexique – se préoccupent du sort des rongeurs. Grand bien leur fasse. Il s’est trouvé une dame adjointe au Maire de Paris pour prier que l’on nomme surmulots les immondes rats qui ont envahi la plus belle ville du monde, le terme rat apparaissant stigmatisant.
Hôtel des Invalides
mardi, mars 14th, 2023De la grisaille ; heureusement brève.
L’institution nationale des Invalides est une des plus superbes intuitions de notre grand Roi Louis XIV, qui a voulu, pour les soldats blessé, un hospice où les infirmes, abîmés, scarifiés par la dureté des guerres pourraient être accueillis et soignés. Dans la dureté du monde, demander à deux grands architectes, Libéral Bruant et Jules Hardouin-Mansart de construire et de parer un hospice accueillant pour de vieux soldats montre bien comme, au delà de l’humanisme niais d’aujourd’hui, nos souverains savaient récompenser ceux qui les avaient bien servis. (suite…)
The Fabelmans
lundi, mars 13th, 2023Quelle est la part de fiction, quelle est la part d’autobiographie dans The Fabelmans ? Qu’est-ce que Steven Spielberg a inséré de sa vie, qu’est-ce qu’il a inventé dans ce très beau film qui relate avec talent et tendresse l’émerveillement d’un gamin devant la capacité du cinéma à créer un monde ? Car le film est bien cela : l’irruption dans une jeune tête de la magie du Septième art, de ce qui, selon le mot de Paul Vecchiali ne doit pas être une évasion, mais une invasion. Dès le début du film, devant l’accident de train qui est une des séquences très fortes de Sous le plus grand chapiteau du monde de Cecil B. DeMille (1952), le gamin Samuel Fabelman (Gabriel LaBelle), un enfant de cinq ans est sidéré, stupéfié, englouti devant ce que les images animées peuvent évoquer. Et fasciner, et faire vivre. (suite…)
Se souvenir des belles choses
samedi, mars 11th, 2023Moi qui apprécie davantage les trucs désespérés, désespérants, ou même sordides, voilà que j’ai été bien touché par cette histoire triste, émouvante que j’ai trouvée sans mièvrerie. Cela malgré la sensibilité du sujet qui aurait pu bien facilement tomber dans l’emphase larmoyante. La graduelle descente de Claire Poussin (Isabelle Carré) dans la nuit d’Alzheimer et l’histoire d’amour qu’elle noue malgré tout avec Philippe (Bernard Campan), voilà qui est délicat à tourner. D’autant que Claire est une jeune femme sage, douce, fragile qui n’a que 32 ans. Et que Philippe souffre de troubles de la mémoire à la suite d’un accident de voiture où il a tué sa femme et son petit garçon. (suite…)