Le cinéma de Max Ophuls, malgré – ou à cause ? – de sa légèreté, n’est jamais un cinéma de bonheur. À tout le moins comme on entend ce mot ; Le bonheur n’est pas gai est la phrase qui conclut le dernier épisode du merveilleux Plaisir, adaptation de trois contes de Guy de Maupassant dont le moins qu’on puisse dire qu’il n’est pas un dispensateur d’optimisme. Peut-être aussi parce qu’Ophuls comme Stefan Zweig comme Arthur Schnitzler) est un enfant de cette Autriche-Hongrie mûrissante (pourrissante, pourrait-on dire presque) qui a tant donné à la Civilisation d’avant-guerre, lui a laissé un bel arc-en-ciel de crépuscule : Hugo von Hofmannsthal, Egon Schiele, Sigmund Freud, Robert Musil, Joseph Roth… Quel chatoiement ! Inconsciemment tous ces grands bonshommes ont pressenti l’écroulement de cet Empire qui retenait les forces centrifuges de la Mitteleuropa et équilibrait la stature de notre continent… Monde un peu las et même quelquefois morbide. (suite…)
Archive for the ‘Chroniques de films’ Category
Liebelei
samedi, février 8th, 2025Rouge comme le ciel
dimanche, février 2nd, 2025Pierrot la tendresse
lundi, janvier 27th, 2025Érotomane sans mesure, collectionneur compulsif des pires bouquins et photos pornographiques, client assidu des bordels et abonnés aux plus rayonnantes partouzes, membre éminent de la secte immonde scatophile des crouteux, Michel Simon n’en n’est pas moins un des plus grands acteurs français.La chienne, L’Atalante, Les disparus de Saint Agil, Le quai des brumes, Fric-frac, La fin du jour, Circonstances atténuantes, La Poison, Panique, La vie d’un honnête homme et même un rôle mineur dans Austerlitz… Et tant d’autres que, pour ne pas grossir le propos, on ne cite pas. Une gueule, une attitude, une tenue, une voix, une présence. (suite…)
Le petit arpent du Bon Dieu
lundi, janvier 13th, 2025Le roman d’Erskine Caldwell, publié en 1933, dans les plus chaudes heures de la Grande dépression (comme, un peu plus tard (1939), Les raisins de la colère de John Steinbeck dont l’adaptation par John Ford date de 1940) fut un immense succès public. On évoque le chiffre de 40 millions d’exemplaires vendus. Succès de scandales, qui a horrifié les Ligues de vertu, mais aussi, et bien entendu, fascination du public pour le monde de violence, de brutalité, de crasse, de sexualité décrit sans retenue : un abîme s’ouvre mais il rejoint la sensation que les habitants des États-Unis, qui voguaient depuis la fin de la guerre de 14 dans des flots de prospérité paradisiaque sont, par la survenue du Jeudi noir du 24 octobre 1929 dans les pires cercles de l’Enfer. (suite…)
En effeuillant la marguerite
mercredi, janvier 1st, 2025En général, la médiocrité de Marc Allégret ne fait de doute pour personne. D’abord giton d’André Gide lors de son voyage au Congo, ce fils de pasteur protestant a pourtant filmé quelques trucs satisfaisants : Entrée des artistes (1938), Félicie Nanteuil(1945), Blanche Fury (1948)… Mais il s’est éteint au fur et à mesure que l’étoile de son cadet Yves, auteur de plusieurs grands ou très grands films, Dédée d’Anvers (1947), Une si jolie petite plage (1949), Manèges (1951), Les miracles n’ont lieu qu’une fois (1951). Mais lui et l’autre ont connu des fins de carrière moins brillantes, effacés, étouffés par la hargne cannibale de la Nouvelle Vague. (suite…)
La femme du prêtre
vendredi, décembre 27th, 2024Je craignais que cette histoire d’amour très simple entre un prêtre fervent, pieux et droit et une ancienne chanteuse de variété qui a largement fait basculer sa vertu par dessus les moulins ne soit qu’acide, sarcastique, plutôt cruelle et méchamment moqueuse. Car s’il est un sujet qui fait ricaner jusqu’à plus soif les neuneus de la Libre pensée et les sectaires de la Ligue des Droits de l’Homme, c’est bien le célibat ecclésiastique. D’où leur jouissance malsaine quand sont révélées les nombreuses histoires de touche-pipi exposées avec volupté dans toute la presse ; comme si ce n’était pas le cas dans le corps enseignant, chez les animateurs de colonies de vacances et – bien entendu et c’est tellement pire ! – dans le secret des familles. (suite…)
Callaghan remet ça
samedi, décembre 21st, 2024Tout finit bien puisque tout finit a écrit le grand Jacques Chardonne. La formule, si belle et si exacte s’appliquait naturellement à autre chose qu’à une série minable de films fauchés des années 50, mais elle leur convient pourtant bien. Après l’ultime opus, qui est donc Callaghan remet ça, les producteurs ont dû juger que les résultats financiers s’effritaient et que la chute du nombre des spectateurs dans les salles ne donnait pas envie de remettre cent sous dans la machine. Donc, fin finale de l’incarnation du numéro 2 des aventuriers créés par Peter Cheyney.
Et par ici la sortie
dimanche, décembre 15th, 2024Pénultième œuvrette de la tétralogie filmée des aventures de Slim Callaghan, voilà que Et par ici la sortie ne vaut pas plus tripette que les deux premiers volumes naguère ici commentés. À dire le vrai, on aimerait disposer d’une possibilité de noter en dessous de zéro des films aussi lamentables ; mais comme on est plutôt bon zigue et que Noël approche, on se dit que ça a pu permettre d’assurer des fins de mois un peu plus rutilantes aux acteurs et actrices qui ont tourné ça.
Plus de whisky pour Callaghan
dimanche, décembre 8th, 2024Heureusement bref, malheureusement idiot.
Il me semble possible d’apprendre sur une époque tout autant en regardant de très mauvais films qu’en regardant de bons. Et si ça se trouve même, davantage tant on a des perspectives tout ouvertes sur certaines dispositions bizarres de la nature humaine, notamment du mauvais goût des spectateurs d’une époque ; le pire que j’en ai été et je me souviens, presque soixante-dix ans plus tard combien Plus de whisky pour Callaghan avait emballé le môme dévoreur de cinéma que j’étais. Emballé notamment par le jeu de mots terminal dont je vous dirai un mot un peu plus avant si vous avez la faiblesse de me lire.
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À toi de jouer, Callaghan !
mardi, décembre 3rd, 2024Peu féru de romans policiers et donc guère connaisseur du genre, mais toujours soucieux d’élargir les bornes de ma science, je serais particulièrement reconnaissant à un amateur qui m’expliquerait clairement les différences des personnages issus de la plume fertile de Peter Cheyney (1896 – 1951) c’est-à-dire Lemmy Caution et Slim Callaghan ; différences de caractère, de comportement, de façons de faire qui peuvent exister entre eux, qui sont tous deux des aventuriers, aimant les bagarre, les belles voitures, la vie dorée des palaces, l’un et l’autre étant aimés des femmes plutôt légères et les aimant tout autant. (suite…)