Il y a un mystère de Lourdes ; un mystère que peuvent contester les sceptiques, les malins, les esprits forts, les goguenards mais qui n’est pas vraiment facile à comprendre. Depuis 1858 viennent chaque année dans cette petite bourgade pyrénéenne, sans charme et sans beauté, 3 ou 4 millions de visiteurs, de pèlerins qui défilent devant une grotte miraculeuse et boivent de l’eau censée issue d’unesource tout autant miraculeuse. Va comprendre !
Pour les croyants, aucune explication n’est nécessaire, pour les autres aucune explication n’est possible… voilà qui me fait songer à ce propos d’un astronome : Tantôt je pense que nous sommes seuls dans l’Univers, tantôt je pense que non. Dans un cas comme dans l’autre, cela dépasse l’entendement. À Lourdes; depuis presque deux siècles, 7000 personnes se sont déclarées miraculées, c’est-à-dire guéries d’une façon mystérieuse et inexplicable de graves maladies. Mais l’Église, plus circonspecte, n’accorde le terme de miracle qu’à 72 personnes à ce jour. C’est dire qu’elle marche sur des œufs !

On a bien tourné une quinzaine de films ou téléfilms sur ce mystère. Parmi eux le scolaire mais solide Chant de Bernadette d’Henry King (1943) ou les deux films, Bernadette (1988) et La Passion de Bernadette (1990)) consacrés à la jeune femme par Jean Delannoy.Sous les oripeaux de la moquerie goguenarde et les excès de la marchandisation de la ville, il y a aussi Le miraculé de Jean-Pierre Mocky ; et plus gravement et de meilleure structure, la grande qualité de Lourdes de Thierry Demaizière et Alban Teurlai, sorte de reportage documentaire très intelligent sur les groupes de pèlerins, les myriades de raisons qui font affluer les foules.
Il suffit d’aimer est l’adaptation d’un roman bienveillant de Gilbert Cesbron qui relate avec exactitude la vie de cette petite jeune fille à peu près inculte et qui reçoit le miracle invraisemblable, immérité de la rencontre avec la Sainte Vierge. Pourquoi cette petite Bernadette, pourquoi Lourdes, pourquoi ce milieu du 19ème siècle ? on ne sait pas et on ne saura jamais. Toujours est-il qu’une jeune paysanne issue d’une famille plutôt médiocre reçoit cette grâce infinie et aussi le courage, l’obstination, la détermination d’obéir à l’Immaculée conception.
Le bon parti du film de Robert Darène est de ne pas se limiter à la découverte de la grotte, aux entretiens de Bernadette avec la Vierge, de la façon dont, assez facilement semble-t-il, elle convainc ses parents (Bernard La Jarrige et Madeleine Sologne) et M. Peyramale (Henri Nassiet), curé du village de la certitude des apparitions. Je crois que dans la réalité, tout a été un peu plus difficile.
Mais ce qui est bien intéressant c’est que le réalisateur accorde une large place à la fin de la vie de Bernadette, retirée chez les sœurs de la Charité de Nevers. La fragilité de sa santé, mais surtout sa douceur, sa bienveillance, sa consécration à Dieu et à la Vierge éblouissant tous ceux qui l’approchent…
Que dire du film qui est sage, banal, mesuré ? Pas grand chose…: il manque de la flamme et de la ferveur. Il est vrai que tout le monde ne peut pas réaliser Thérèse…