Jackie Brown

Tendre monde du crime.

Le fait est que je me suis mis tard à regarder les films de Quentin Tarantino et qu’à part le dernier en date, Once upon a time in Hollywood, plutôt réussi au demeurant et vu en salle, je les ai découvert sans continuité, un peu au hasard. Finalement, s’agissant d’un réalisateur qui ne tourne pas tellement que ça, il ne me manque que Boulevard de la mort et – surtout – Pulp fiction que je finirai bien par regarder. On peut donc bien dire que je ne nourris aucune animosité pour le metteur en scène, qui compte, incontestablement dans le cinéma contemporain et j’en suis même arriver à ne pas lui en vouloir pour avoir piqué à mon cher Nikita Mikhalkov et à son admirable Soleil trompeur la Palme d’or de Cannes en 1994 ; après tout, qu’est-ce qu’on en a à faire des récompenses de la Profession ?

Jackie Brown était donc, hier, le huitième opus (sur dix) que je voyais. Plutôt en dessous de la moyenne des autres, à mon sens. Une des qualités que j’accordais très volontiers aux récits compliqués était que la sophistication de l’histoire n’empêchait pas de suivre ses méandres, ce qui doit être tout à fait mis au crédit du cinéaste. Ainsi Reservoir dogs, ainsi les deux Kill Bill. Ce n’est pas le cas dans Jackie Brown où je me suis presque perdu dans la multiplicité des traquenards et des coups fourrés qui se succèdent sans arrêt, notamment lors de l’échange des sacs qui contiennent des milliers de dollars dans la cabine d’essayage du Centre commercial. C’était presque fastidieux.

Au-delà des outrances et des failles si perceptibles et connues de tous, le cinéma de Tarantino est de ceux qu’on ne lâche pas en cours de route (exception faite de 8 salopards que j’avais abandonné avant de le terminer). Jackie Brown tient le choc jusqu’à la fin (dernière séquence d’adieu, de séparation, très réussie, d’ailleurs) mais, j’ignore pourquoi, je n’ai pas vraiment accroché et ça m’a paru confus, touffu, incohérent. Et pourtant, quand je suis allé me plonger dans la lecture de la notice consacrée au film par notre amie Wikipédia, j’ai trouvé une notice concise et simple qui m’a parfaitement éclairé.Je ne peux pas ne pas envisager que l’inéluctable pesanteur des années m’ôte graduellement mon agilité intellectuelle, mais j’essaye de me persuader que je ne suis pas parvenu au dernier degré du gâtisme. Cette position étant prise, il me reste à engager que Jackie Brown manque du sel, de l’allure, du rythme des autres bons films de Tarantino. Peut-être aussi de la relative banalité du sujet qu’on a l’impression d’avoir vu cent fois, sous une forme ou sous une autre lors de la grande époque du film noir étasunien. C’est sans doute bien ça, après tout.

À part Robert De Niro, dont je ne vois pas bien l’intérêt du rôle, si ce n’est de faire incarner à l’acteur un personnage farfelu, je ne connaissais aucun des acteurs. En premier lieu Pam Grier, absolument remarquable : belle, dotée d’une grande allure, d’un jeu mesuré et parfaitement adéquat au personnage. Il est bien dommage que les réalisateurs ne lui aient pas ensuite proposé des les à la mesure de son talent. Sa rencontre avec Max Cherry (Robert Forster), l’évolution graduelle de leur attirance l’un vers l’autre et – mieux encore – cette séparation triste et normale à l’aéroport est un très joli point à mettre au crédit du scénario.

Leave a Reply