Chiens perdus sans collier

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Sans désespérance

Jean Delannoy est un cinéaste sans génie, mais souvent sensible et efficace ; Chiens perdus sans collier est de cette veine-là, touchant un sujet qui, lors de la sortie du roman de Gilbert Cesbron n’avait guère été effleuré avec la touche d’humanité, de sensibilité, qui caractérise l’écrivain. (On trouve, dans la collection Bouquins chez Robert Laffont, un fort volume qui comprend quatre de ses romans majeurs, Chiens perdus, donc, mais aussi Notre prison est un Royaume – magnifique, sur la vie d’un lycée -, Les Saints vont en enfer – sur les prêtres ouvriers et Il est plus tard que tu ne penses – un couple face au cancer -).

Comparer l’enfance délinquante du début des années Cinquante et celle du début de notre millénaire est un exercice assez vain, tant choses et gens ont changé ; les petites fauches, les indélicatesses, les bagarres de chiffonniers d’il y a 50 ans feraient apparaître les adolescents d’autrefois pour des angelots malicieux, par rapport aux dealers, violeurs de tournantes, assassins d’intrus dans leur territoire que sont les voyous d’aujourd’hui ; mais ce ne sont sans doute pas ces gamins qui sont pires, mais notre monde sans espoir et sans repères.

Cela étant posé, Chiens perdus sans collier est un film d’un assez noble humanisme, qui ne dissimule pas que la faiblesse et la veulerie des parents (excellente Dora Doll) sont à la base de tout, et qu’un éducateur sévère mais au grand cœur peut encore changer les choses.

Enfin…presque les changer, car la fin n’est ni gaie, ni optimiste ; loin d’un angélisme niais, Delannoy montre un très fort et beau type, Julien Lamy (Jean Gabin) se battre contre les saletés de la vie.

Un beau type qui ne gagne pas à tous les coups.

Au fait, on peut aussi noter, en s’en moquant un peu beaucoup que François Truffaut , qui n’avait eu que sarcasmes pour Chiens perdus  et ne cessait de descendre en flammes le cinéma de Qualité française a pris, pour son premier film, quatre ans plus tard le même sujet de l’enfance délinquante. Qu’est-ce que c’est d’autre que Les quatre cents coups ? Une jeunesse qui accumule les bêtises et des parents qui laissent aller…

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