Voilà un charmant petit film, un peu nigaud, un peu niais, mais qui se laisse suivre avec le plaisir qu’on éprouve quand on revoit de vieilles choses aimées… La France provinciale du milieu des années 50, la mode invraisemblablement laide que les femmes portaient, les quais de gare où s’affairaient les porteurs qui s’occupaient des malles et des formalités,les dames bourgeoises, mère et fille, qui, les après-midi du dimanche assistaient aux vêpres, les guérites minuscules de la Loterie nationale où des veuves de guerre vendaient leurs dixièmes, les garages Simca, les gros pardessus des messieurs, les policiers qui portaient des képis et qui, la nuit, patrouillaient sans crainte d’être attaqués par des bandes ethniques, les gamins qui jouaient à n’importe quoi dans des rues encore sûres, les liasses de billets de banque. Plein de choses merveilleuses. On le sait, c’était mieux avant… (suite…)
Archive for the ‘Chroniques de films’ Category
Toute la ville accuse
mardi, juillet 1st, 2025Tu ne tueras point
jeudi, juin 26th, 2025Lorsque Claude Autant-Lara a pris la tête de la liste du Front National aux élections européennes de 1989, le Camp du Bien a été horrifié, scandalisé. Tout juste s’il n’a pas prêté au grand cinéaste la paternité idéologique du Triomphe de la volonté ou du Juif Süss,œuvres emblématiques du cinéma nazi. En fait la doxa moraliste était décontenancée qu’un homme qui avait été un de ses fermes compagnons de route ait changé d’orientation et de chemin et soit passé au service de la droite dure. Mais en fait depuis toujours Autant-Lara ruait dans les brancards et n’était pas cataloguable. Vilipendé par la Droite avant la guerre, bien qu’il n’eût pas été conforme aux standards staliniens, il apparaît plutôt comme un anarchiste antimilitariste, anticlérical, anti bourgeois mais qui, pour autant n’aime pas le populo. Quel film est plus noir que Douce, plus méprisant envers l’Humanité tout entière que L’auberge rouge, plus empli de mépris de classe que La traversée de Paris ? (suite…)
Vent d’Est
lundi, juin 23rd, 2025Les corridors inouïs de l’Histoire.
On ne parle plus guère aujourd’hui de Robert Enrico qui avait pourtant commencé sa carrière de réalisateur par un chef-d’œuvre du court métrage, La rivière du hibou et l’avait émaillée de bons ou très bons films (Les grandes gueules, Le vieux fusil), de moins bons qui furent pourtant de grands succès publics (Les aventuriers, Boulevard du Rhum). On lui doit aussi le tour de force d’avoir réalisé la première partie,intitulée Les années lumière, du diptyque La révolution française, financé par la mission du Bicentenaire de la Révolution de 1789 ; tour de force pour avoir montré, alors que tout le monde s’attendait à un panégyrique bêlant, toutes les saletés de cette période nauséabonde (et le deuxième volet, Les années terribles, de Richard T. Heffron enfonce encore le clou du cercueil).
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Pas de week-end pour notre amour
jeudi, juin 19th, 2025Nullitas nullitatis et omnia nullitas.
Non, j’exagère dans mon latin de cuisine qui couronne ce message ; Pierre Montazel a été un excellent directeur de photographie de nombre de films importants (Antoine et Antoinette, Touchez pas au grisbi, Razzia sur la chnouf, La chatte). Il a même mis en scène un tout à fait charmant Paris chante toujours (1951) où, de façon très artificielle mais bien bâtie se déroule dans Paris une sorte de jeu de piste empli de parenthèses chantées par les meilleurs interprètes de l’époque où Clément Duhour et Madeleine Lebeau sont évidemment promis à se tomber dans les bras, in fine, alors qu’ils étaient, à la base, profondément antagonistes. (suite…)
Une Parisienne
lundi, juin 16th, 2025Désormais à peu près complètement inconnu, oublié, ignoré, Michel Boisrond a pourtant rencontré une certaine notoriété lors des douces années Soixante, lorsqu’on allait au cinéma pour se distraire davantage que pour se masturber l’esprit avec des bêtises de Jean-Luc Godard, Ingmar Bergman ou Akira Kurosawa comme le faisaient certains, très minoritaires au demeurant. Ah certes, ce n’était guère satisfaisant et ça n’ouvrait pas beaucoup de portes intelligentes, mais c’était gentil, souriant, bien tourné, plein d’acteurs de deuxième ou troisième rang qu’on avait plaisir à reconnaître au cours des séquences. (suite…)
La vampire nue
jeudi, juin 12th, 2025Jean Rollin a toujours dit, asséné, proclamé qu’il écrivait ses scénarios en écriture automatique, cette billevesée née avec les spirites cinglés de la fin du 19ème siècle et remise à la mode par ce farceur d’André Breton et son groupe surréaliste tout aussi dingo. Ça consiste à abolir tous les cadres de la raison et de la cohérence. Rollin explique qu’il voit d’abord des images frappantes, des séquences fortes ; il les tourne et les relie ensuite dans une histoire qui n’a naturellement d’autre queue ni tête que de comporter des acteurs dans un décor impressionnant (souvent réussi, d’ailleurs) et de porter, comme toujours sur le sexe et le vampirisme. Ça peut quelquefois fonctionner, à tout le moins amuser, voire séduire, mais ça ne convainc évidemment pas.
La Boum 2
mardi, juin 10th, 2025Pourquoi le second volet a-t-il moins de charme que le premier alors qu’il est l’exacte suite des aventures et de l’éveil à la vie sentimentale de Victoire Vic Berreton à qui Sophie Marceau prête sa beauté adolescente ? Alors que sont à nouveau à l’écran les protagonistes de la première Boum, Claude Brasseur, Brigitte Fossey, Denise Grey et les deux petites pestes délicieuses, les deux sœurs Pénélope (Sheila O’Connor) et Samantha (Alexandra Gonin) ? Pourquoi, alors que le film est plein des notations subtiles et de dialogues spirituels, souvent pétillants ? (suite…)
Les souliers de Saint-Pierre
jeudi, juin 5th, 2025Ça doit être un sourire narquois du Bon Dieu ! Voilà qu’il m’est donné de regarder Les souliers de Saint Pierre quelques semaines après que j’ai vu Conclave d’Edward Berger et surtout que j’ai suivi avec un infini intérêt l’élection au Siège de Pierre de notre nouveau Pape Léon XIV. Le film de l’assez terne Michael Anderson a connu un assez grand succès en 1968. Bâti sur un de ces romans étasuniens du polygraphe Morris West, qui font la joie des plagistes et des libraires, compte tenu de leur grand nombre de pages en gros caractères, propices aux lectures d’été, le film, doté de confortables moyens financiers et d’une distribution sévèrement bornée ne manque pas de qualités. (suite…)
Tenue de soirée
lundi, mai 26th, 2025On peut bien se demander quelle place Bertrand Blier pourra laisser dans le cinéma français et même si, dans dix, vingt ou trente ans, une trace subsistera. Bien sûr, on citera avec jactance Les valseuses, parce que le succès public, l’irruption de deux talents exceptionnels, Patrick Dewaere et Gérard Depardieu dans le paysage de l’époque, la grossièreté provocante du récit, la virtuosité de la mise en scène ont marqué durablement nos souvenirs ; mais pour le reste ? Je pencherais volontiers pour l’outrance inaccoutumée et les séquences dégoutantes de Calmos … Mais ce sont bien souvent des films qui partent à cent à l’heure puis s’essoufflent sans que les promesses initiales puissent satisfaire le spectateur.
Tout le monde n’a pas eu la chance d’avoir des parents communistes
lundi, mai 19th, 2025Au moment de la sortie du film, qui a eu un certain succès, dû notamment à son titre provocant et peut-être aussi à une certaine nostalgie des spectateurs de 1993 pour la France simple à comprendre de 1958 (simple à comprendre ne veut pas dire tranquille et apaisée), à ce moment-là je crois avoir lu dans les gazettes que l’auteur du film, Jean-Jacques Zilbermann, l’avait réalisé en hommage affectueux à sa mère et en se rappelant ce qu’il avait vécu.
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