Into the wild

Indifférence de la Nature.

C’est un film trop long, assez dilué dans un prêchi-prêcha dont on comprend mal le sens, mais sûrement pas un film insignifiant ou inintéressant ; c’est très bien filmé, les paysages, la musique, les acteurs sont à la mesure, assez élevée des prétentions du sujet ; et, malgré la longueur et la prévisibilité du dénouement, on ne s’ennuie pas…

Mais je reste tout de même effaré qu’un garçon à l’intelligence brillante, à la sensibilité forte puisse s’enfermer dans une sorte d’autisme relationnel, narcissique, autocentré ou masochiste (selon les interprétations) et rejeter avec constance toutes les mains tendues, aussi bien celles du couple de routards, très attachant (Rainer – Brian Dierker et Jan – Catherine Keener, elle absolument bouleversante) que du vieux Ron Franz (Hal Holbrook) qui, toutes, lui sont ouvertes et lui permettraient de comprendre que, comme il s’en rend compte alors qu’il est en train de crever comme un chien, le bonheur n’est réel que s’il est partagé.

Christopher, très bien interprété par Emile Hirsch, sous des dehors aimables et ouverts est, en fait, un idéologue complètement prisonnier de ses lectures, et Sean Penn le montre d’ailleurs, à tout moment, obnubilé par les diatribes individualistes de ses maîtres, Tolstoï, London et Thoreau, ce même Thoreau dont il cite la glaçante phrase : À l’amour, l’argent, la loyauté, la gloire, la justice, je préfère la vérité ! ; vérité que j’aurais d’ailleurs dû écrire avec un grand V, le même V qu’employaient Robespierre et les Khmers rouges pour écrire Vertu.

Bon, je reconnais que je m’énerve ; que Christopher ait pour parents des fantoches hypocrites, orgueilleux et tyranniques ne change toutefois rien à l’affaire : ce petit con intelligent s’intitule mesure ultime du Monde et seul gestionnaire de son individualité ; il veut parler d’égal à égal avec la Nature et c’est finalement la Nature, ni tendre, ni hostile, mais totalement indifférente à son orgueil et à sa prétention, qui le mâte, en se fichant de lui… est-ce la faute de la Nature si deux plantes, l’une nourricière, l’autre vénéneuse, se ressemblent tant…?

N’empêche que, pendant qu’il faisait joujou en se prenant pour Noé, ceux qui l’aimaient souffraient par sa futilité…

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