Allemagne année zéro

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Le chien enragé de l’Europe.

Allemagne année zéro est un grand film de Rossellini,, mais peut ouvrir aujourd’hui une réflexion sur l’image de l’Allemagne après son écroulement de 1945…

Pour en venir à Allemagne année zéro, certains nous appelleraient désormais forcément au compassionnel et nous demandent à la repentance pour avoir écrasé Berlin sous les bombes et affamé le peuple allemand. Pour  les hommes de ma génération, nés pendant ou juste après la Guerre, les Allemands n’avaient que ce qu’ils méritaient et cette idée est restée très longuement prédominante, jusqu’à ce que le Général de Gaulle et le Chancelier Adenauer scellent une réconciliation nécessaire, mais accueillie en 1963 avec des grincements de dents (nul autre que le Général n’eût pu y réussir, en France).

C’est que, contrairement à aujourd’hui où l’on impute les horreurs de 39-45 aux Nazis, on les imputait alors aux Allemands ; la nuance n’est pas sans intérêt : on a l’air de considérer de nos jours que la brave et gentille et mélomane Allemagne a été occupée, depuis 1933, par une bande de fous furieux extraterrestres qui ont confisqué son âme, l’ont séquestrée et dont elle s’est heureusement libérée en 1945.

L’impression qu’on pouvait en avoir dans l’immédiat Après-Guerre, c’est que l’Allemagne s’était donnée avec volupté et enthousiasme, et en parfaite connaissance de cause au Diable ; qu’elle en ait ensuite subi les conséquences dans le déferlement de mort et de sang qu’elle a connu lors de sa défaite semblait tout à fait équitable, et personne ne se serait avisé de verser une larme sur les massacres et les viols commis par les armées alliées, à l’Est et à l’Ouest. Je sais qu’il est à la mode maintenant de pleurnicher sur ces victimes-là ; on ne me fera pas changer d’avis et larmoyer sur les victimes allemandes : à l’instar d’Arletty, qui répondait à ses juges qui l’accusaient d’avoir couché avec des occupants Fallait pas les laisser entrer !, je répondrais volontiers à ceux qui se lamentent sur Dresde ou Hiroshima Fallait pas venir nous emmerder !

Dans ses Mémoires de guerre, à trois ou quatre reprises, le Général de Gaulle – cela m’a beaucoup frappé en relisant le texte, lorsqu’il est paru en Pléiade, voici cinq ou six ans – insiste sur l’adhésion continue recueillie par Hitler dans la population allemande jusqu’à l’extrême fin du conflit. Le dictateur n’a pas été lâché par le peuple, ce qui fait tout de même assez froid dans le dos et a trouvé jusqu’au bout de la chair à canon dans le Volksturm  ou la Hitlerjugend.

Bon ; cela nous mène bien loin d’un film magnifique…

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