Gentleman Jim

Jimmy Belle gueule.

Il faut bien que je me rende à l’évidence : la boxe, cette activité primitive et sauvage, où le but des combattants est de s’envoyer des coups qui ébranleront tellement le système nerveux que le cerveau se mettra en veille et produira pour les spectateurs cet orgasme dégoutant du knock-out subi par le vaincu, la boxe, donc, est populaire et appréciée. Il va de soi qu’un État digne de ce nom interdirait ce prétendu sport ; pas même puisque, à l’instar des barbares du Nouveau Monde, on vient d’autoriser en France, une version encore plus sauvage, le MMA, où les combattants se rouent de coups à l’intérieur d’une cage (!). On ne voit pas pourquoi la prochaine étape ne serait pas le rétablissement des Jeux du Cirque, avec rétiaires et mirmillons, pouces baissés, égorgements et flots de sang vermeil.

Si la boxe fascine des populations, elle est aussi un champ d’action pour le cinéma ; le malheur c’est qu’elle aboutit à donner de bons films jouant sur une dramatisation emphatique et une noirceur, finalement assez logique. En tout cas, ça va dans tous les genres et ça se tourne dans toutes les époques. Il y en a qui sont plutôt remarquables, comme Raging Bull de Martin Scorsese (1980) ou Plus dure sera la chute de Mark Robson (1956). Il y en a même un consacré à une femme, Million dollar baby de Clint Eastwood (2004) ; et même en France : L’air de Paris de Marcel Carné (1954).

Jim Corbett, le héros du film de Raoul Walsh surnommé donc Gentleman Jim est un personnage authentique et le film suit assez fidèlement, parait-il, les débuts dans la vie d’un jeune homme sympathique, drôle, doté d’un immense culot, d’un plaisant jeu de jambes et d’un physique attrayant. Il est vrai que ce grand garçon rieur est plutôt sympathique, qui essaye à toute force de s’échapper du milieu modeste dont il est issu. Car sa famille est aimante et chaleureuse mais vit dans la gêne.

Les débuts du film sont très réussis, funambulesques, légers, rapides, très bien menés. Plein de scènes charmantes et bienvenues où le jeune homme s’insinue avec à la fois inconscience et détermination dans le cercle professionnel, puis amical, puis intime du riche banquier Buck Ware (Minor Watson). Dès que Victoria (Alexis Smith), la fille du banquier, présente à l’écran son ravissant minois, le spectateur comprend bien que l’histoire va tourner autour de ces deux-là ; elle mettra son temps mais après bien des péripéties où les deux jeunes gens feront mine de ne pas s’intéresser l’un à l’autre, le film s’achèvera par un hyménée attendu de longue date.

Bien qu’il soit mené tambour battant et que sa durée soit moyenne (104 minutes), la banalité du scénario fait tout de même qu’on s’ennuie un peu. Je suppose que Raoul Walsh, s’en est aperçu et c’est sans doute pour cela qu’il a multiplié les séquences de combats, qui n’ont d’autre intérêt que de faire admirer la souplesse et la qualité athlétique d’Errol Flynn.

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