Meilleur que le premier ? Sûrement pas !
Dans la foulée de ma découverte du premier épisode de la série, je me suis passé hier le deuxième et m’attellerai dans la foulée au dernier tout à l’heure. De bons esprits ayant prétendu que Le Parrain II était le meilleur des trois, je m’attendais à me régaler autant qu’en faisant connaissance avec la sympathique famille Corléone.
J’ai été plutôt déçu et je trouve que ce trop long film (3h20 !!) est nettement en retrait. Le parti pris de mêler, de façon d’ailleurs inégalement dense, les images de l’enfance et de la jeunesse de Vito Corléone (ici Robert De Niro) et la suite de l’histoire de son fils Michael (toujours Al Pacino) ne m’ont pas convaincu et ne me semblent correspondre à aucune nécessité. Et cela ni pour l’intelligence du récit, ni pour celle des caractères. Sauf à n’avoir pas bien suivi, je n’ai pas saisi la rythmique de l’intervention des flashbacks qui interviennent de façon aléatoire et inopinée (mais peut-être des exégètes de la trilogie, qui la connaissent bien pour l’avoir vue et revue, pourraient justifier cet entrelacs et m’en expliquer la justification).
Alors que je trouvais remarquable, dans Le Parrain que, malgré la sophistication des intrigues, le récit soit d’une grande clarté et parfaitement lisible, je me suis ici et là un peu perdu dans le foisonnement des coups tordus de la suite : à force de suspecter dans tout personnage un traître potentiel, on finit par s’emmêler les crayons et à se lasser un peu devant ce qui pourrait presque passer pour un procédé. De la même façon j’ai trouvé les nouveaux protagonistes insuffisamment caractérisés, à l’exception notable du Sénateur Pat Geary (G.D. Spradlin), belle figure de canaille.
Et peut-être aussi que, selon l’expression consacrée, « Qui trop embrasse, mal étreint » ; les séquences à Cuba me semblent de trop, comme une couche de crème Chantilly superflue. Bien sûr, c’est tout à fait exact, Cuba fut, sous la dictature Battista, le bordel officiel des États-Unis, avec la participation active de la Mafia et le soulèvement castriste s’est produit aussi contre cette situation. Mais faire entrer la grande Histoire dans la petite n’est pas chose si aisée, surtout si on ne prend pas la peine d’expliquer un peu.
C’est aussi, d’ailleurs, ce que je pourrais également reprocher au film de Coppola : l’absence de toute indication sur la psychologie des personnages, la conduite de l’action et la qualité des images me semble prendre le pas sur tout le reste ; déjà, dans le premier film j’avais été surpris par l’attitude de Michael qui, après l’assassinat en Sicile de sa jeune épouse Apollonia (Simonetta Stefanelli) retrouve tranquillement aux États-Unis Kay (Diane Keaton), son ancienne fiancée délaissée…
Mais bon, la qualité de présentation de Coppola est intacte : ainsi la séquence dans le bordel où le Sénateur Geary, adepte des jeux sexuels extrêmes, vient par mégarde (?) d’assassiner sa partenaire d’une façon qu’on a peine à imaginer : il y a un lent mouvement de caméra sur les draps souillés de sang qui est parfait.
Le Parrain montrait donc la prise de pouvoir de Michael Corleone (Al Pacino) ; Le Parrain II l’extension de son empire avec les tensions de ce fait suscitées. Je suppose que Le Parrain III décrira sa chute. Ou son apothéose. C’est ce que je vais vérifier de ce pas.