Match point

Très poussif.

Décidément, mon initiation à l’œuvre si célébrée de Woody Allen ne se passe pas sous les meilleurs auspices ; après les gentillets, aimables et finalement insignifiants Vous allez rencontrer un bel et sombre inconnu et Midnight in Paris, voilà que je découvre un Match point que j’ai trouvé ennuyeux et interminable.

De meilleurs connaisseurs que moi, ce qui n’est pas très difficile, ont dit ici et là combien Match point, d’ailleurs, par sa longueur et sa structure est assez atypique dans la filmographie d’Allen, qui est moins à l’aise, paraît-il dans le drame que dans la comédie ; ça n’empêche pas, dirait-on, qu’il rencontre toujours autant de succès dans la vieille Europe, et surtout en France, sans doute en raison de la sophistication qu’il offre par rapport aux blockbusters dont le Nouveau Monde nous irrigue. Il faudra peut-être, et même sûrement, qu’un jour j’aille voir du côté de Manhattan ou de La rose pourpre du Caire (c’est bien ça qu’il faut voir ?) pour me rendre compte si ça me convient davantage. Je ne dis pas ; mais est-ce que je ferai bien de persister ? Nous verrons.

match-point1J’ai trouvé Match point très prévisible, ce qui n’est pas forcément dirimant, mais ce qui rend nécessaire de la vivacité et du rythme, alors que les protagonistes du film s’engluent interminablement dans leur histoire et paraissent rejouer chaque scène deux fois ; c’est bien filmé, je ne le conteste pas, mais enfin les demeures de l’Angleterre pluvieuse, fussent-elles aussi confortables qu’elles apparaissent, leurs boiseries aussi bien cirées et leurs bibliothèques anciennes aussi photogéniques, suscitent en fin de compte (chez moi en tout cas) des bâillements de plus en plus accentués ; la violence des images terminales ne fait que me réveiller en sursaut sans m’intéresser vraiment.

Qu’en tirer ? Un regard un peu primaire sur les rapports de classe, une certaine sauvagerie, en ce domaine très anglo-saxonne, des invraisemblances (comment un homme d’affaires aussi avisé et sans doute aussi méfiant qu’Alec Hewett (Brian Cox, le père de Tom (Matthew Goode) et Chloé (Emily Mortimer) peut-il  donner sans barguigner  sa fille (même s’il doit la considérer comme un boulet un peu nunuche) à un type aussi douteux que Chris Wilton (Jonathan Rhys-Meyers) à l’air à peu près aussi franc qu’un âne qui recule et au beau visage d’une intense veulerie ?), et la délicieuse présence de Nola Rice (Scarlett Johansson). D’ailleurs la seule scène qui m’ait paru intéressante est celle où, devant une table de ping-pong, Nola et Chris se rencontrent et se séduisent.

Mais le coup du hasard qui fait que les crimes de Chris demeureront impunis est d’une telle superficialité, d’une sophistication si désinvolte qu’on en est presque agacé. C’est Hitchcock en pire, sans la mécanique horlogère.

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