Terreur sur la ligne

C’est du cinéma !

Voilà un bon petit film de tension assez classique, bien ficelé, bien interprété, doté d’une musique de qualité (stridente, hachée, violente), un film qui présente quelques séquences angoissantes haletantes mais qui, finalement, vogue de manière assez plon-plon. Je veux dire par là qu’il est extrêmement prévisible, qu’il n’ouvre pas les yeux sur des abîmes épouvantables et, surtout, qu’il se conclut sur la victoire évidente du Bien sur le Mal. On pourra toujours me dire que le meurtrier criminel, Curt Duncan (Tony Beckley) est un malheureux psychopathe qui ne maîtrise pas ses pulsions homicides, qu’il n’est donc, finalement, pas si coupable que ça et que, donc, ce pauvre malade ne mérite pas d’être abattu à la fin du film par le bras vengeur du détective privé John Clifford (Charles Durning).

Un vieux truc qui fonctionne toujours, d’autant mieux que nous pouvons tous nous identifier. à ceux qui subissent les moments d’angoisse. Une jeune fille, Jill Johnson (Carol Kane), arrive, dans un crépuscule brumeux dans la maison cossue (et de fort mauvais goût) du prospère docteur Mandrakis (Carmen Argenziano) qui va sortir, ce soir-là, avec sa femme en laissant ses deux enfants à la garde de la baby-sitter. Tranquillité des banlieues calmes de New-York. Quatre, cinq, six appels démentiels, quelquefois mutiques ; la tension monte, l’anxiété pousse Jill à appeler la police… qui arrive trop tard et ne peut que constater que les deux enfants (4 ans et demi et 3 ans) ont été assassinés et démembrés par Duncan. La police est parvenue à cerner l’appel, intervient et arrête le cinglé.

Au bout de sept ans d’hôpital psychiatrique, Duncan, présumé guéri, s’évade, ce qui semble ne pas trop gêner les institutions. Le policier Clifford/Durning est chargé par le père des enfants assassinés de rechercher et d’abattre le tueur. S’ouvre une enquête, sans doute un peu languissante qui permettra, in fine de confondre et d’éliminer le tueur. Cette partie-là n’est pas la plus heureuse du film. Elle peine même quelquefois à relier les différentes étapes de la traque. Par exemple on ne saura guère qui est Tracy Fuller (Colleen Dewhurst), femme seule et singulière qui constituera une sorte d’appât pour le tueur mais disparaîtra très vite de l’écran alors qu’elle est, en soi, très intrigante.

Le récit se poursuit, un peu en ahanant et on attend paisiblement qu’il aboutisse à son maximum de tension, dont on ne sera pas d’ailleurs pas déçu. Le finale n’est pas mauvais, tout au moins lorsqu’il remet en scène le personnage de Jill, la baby-sitter, jadis traumatisée par l’épouvante du crime, mais qui y a survécu et se trouve, dans un brillant et heureux mariage, mère de deux jeunes enfants. Comme ceux dont le meurtre a hanté sa vie. Habile astuce de scénario.

Ce qu’il y a de meilleur dans le film, c’est la mise en scène qui présente à la fois les démarches obstinées de Clifford pour traquer le psychopathe et l’errance malsaine de Duncan/Beckley le malade, dans un New-York souvent crasseux. Une sorte de combat entre deux mondes absolument étrangers l’un à l’autre : un fou obsédé par on ne sait quelles pulsions et un policier sans nuances dévoré par la haine. Mais enfin on passe un moment intéressant dans un film sans talent, non sans efficacité.

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