Agathe Cléry

19004347Le noir te va si mal.

Très curieuse, tout de même cette décadence continue du cinéma d’Étienne Chatiliez qui semble avoir épuisé en deux films et demi toute sa créativité et être condamné à chuter toujours plus profondément dans un cinéma indigent, ridicule, indigne, même.

Agathe Cléry est une des pires bêtises que j’aie vues depuis vingt ans ; sujet idiot, gluant de droitdel’hommisme compassionnel – avec sa petite touche rebelle finale du type Il faut que chacun fasse son petit effort et tout ira mieux dans un monde qui n’est finalement pas si méchant que ça, traitement d’une banalité affligeante, acteurs laissés à eux-mêmes et cabotinant un maximum…

On a beaucoup honte pour Valérie Lemercier, qui, il est vrai, n’a jamais su sortir de son emploi de jeune femme glapissante qui lui est dévolu depuis Les Visiteurs, et beaucoup aussi pour Jean Rochefort qui n’a pas besoin de ça pour vivre (ni entretenir son écurie de chevaux) ; un peu pour Isabelle Nanty qui, elle, comme Jacques Boudet, habitué des films, autrement plus ambitieux, de Robert Guédiguian doivent bien tourner n’importe quoi pour payer leur loyer.

 Chatiliez doit se dire qu’il fait un mauvais rêve, qu’il va se réveiller, retrouver l’acidité de La vie est un long fleuve tranquille et de Tatie Danielle ; il doit se dire qu’il faut qu’il se secoue ; alors il se donne des claques ou, si on préfère, se verse un pichet d’eau glacée sur la tête : il tente l’invraisemblable gageure d’insérer dans son film des petits bouts chantés qui interviennent n’importe comment : c’est encore pire que dans le sidérant de médiocrité On connaît la chanson de l’ahuri Alain Resnais : on sent à plein nez que le réalisateur a repensé aux spots publicitaires pour la marque de chaussures Eram, spots qui l’ont fait connaître (vous vous souvenez sûrement : il faudrait être folle pour dépenser plus !) et qui étaient de petits bijoux d’inventivité. Mais la colle ne prend pas.

Rien ne prend, d’ailleurs, et le film offre des sommets de ridicule, par exemple lorsque Agathe/Valérie Lemercier qui souffre d’une maladie rare et devient noire – alors qu’elle est raciste (ouaf, ouaf !) – se lance dans un pas de danse à la Michael Jackson ; on devine que la pauvre fille a dû sacrément travailler son moonwalk et autres acrobaties pour un truc qui tombe complètement à plat et on en a de la peine pour elle….

Il faut regarder ça jusqu’au bout pour se rendre compte du niveau où le cinéma de divertissement est tombé.

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