Au nom du peuple italien

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Grand moment de satire à l’italienne

Ah là là ! Doux Jésus qui m’avez permis de vivre assez longtemps pour découvrir ce film superbe, aurez-vous assez de bienveillance pour me permettre de le revoir quelques fois encore ? Merci à tous ceux qui, dans leurs péans enthousiastes ont éveillé ma curiosité et, alors que j’entame le pesant chemin qui va vers la décrépitude et vers la mort, de trouver encore une fièvre jubilatoire toute fraîche !

Pensant à  Dupont Lajoie, j’ai de plus en plus de raisons de ne pas apprécier le cinéma engagé, le cinéma à thèse, le cinéma militant d’un Boisset, mais aussi d’un Rouffio (Sept morts sur ordonnance, Le sucre) : au plus haut point, il y a l’imperturbable sérieux avec quoi les choses – qui sont graves, sans doute, mais qu’on ne change pas avec un film – sont traitées.

Avec les maîtres de la comédie italienne, il y a ce mélange de grotesque et de tragique qui est la vie même, infiniment plus cruelle et gaie, tout à la fois, que ne la présentent nos sombres didactes ! C’est que Risi, Monicelli ou Scola n’ont pas de l’Homme la haute idée de nos idéologues rousseauistes, espérants et orants d’un invraisemblable Progrès et contempteurs de la méchante Société.

Lorenzo Santenocito, (Vittorio Gassman), est, certes, un des personnages les plus absolument odieux du cinéma, beaucoup plus nuisible que le Bruno Cortona du Fanfaron ou que les personnages des Monstres et la façon dont, après l’internement de son père, il écarte les scrupules qui lui viennent, se toisant dans un miroir, charge encore son personnage. Mais enfin…il n’est pas le coupable, soupçonné avec délectation par Bonifazi (Ugo Tognazzi), rigide, intègre, droit comme un I, mais capable, aussi de faiblesse (le regard triste qu’il jette, par la fenêtre du restaurant, à sa femme qui l’a quitté), ou de duplicité (la scène de la plage)…

C’est en cela qu’il y a mille fois plus d’humanité souffrante et ridicule, tout à la fois, dans Au nom du peuple italien et tant d’autres merveilles que chez les sectateurs et dénonciateurs du cinéma engagé…


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