Barbecue

Mal grillé et sans piment.

Un acteur qui peut être remarquable dans un rôle exigeant – Lambert Wilson – Des hommes et des dieux – une humoriste qui peut être très amusante sur scène – Florence Foresti -. Autour d’eux un rassemblement de comédiens dont certains – Sophie DuezGuillaume de TonquédecLionel Abelanski – ne sont pas médiocres, malgré la présence pustulesque du gugusse Franck Dubosc. Et, au final une pitrerie formatée pour les assoupissants dimanches soir de TF1.

Remarquez, c’est bien comme ça, sur cette chaîne, à cette heure et dans cet esprit que j’ai vu Barbecue d’Éric Lavaine. Je n’avais jusque là entendu parler ni du film, ni de son auteur et je m’en étais fort bien porté. Mais la paresse est mauvaise conseillère. Un film qui reprend les vieilles recettes éculées, dont toutes ne manquent pas de mérite, des rassemblements de la bande, vieux copains aux amitiés forgées de longue date, sur les bancs du lycée ou, ici, de la bonne école de commerce. Bande un peu hétéroclite, comme dans tous les films choraux.

Situations panachées, fortunes diverses, couples plus ou moins assortis. Quand c’est merveilleux, ça peut donner un quasi chef-d’œuvre, comme Vincent, François, Paul… et les autres ; ou de bons et d’assez bons films, Les maris, les femmes, les amants de Pascal Thomas, Embrassez qui vous voudrez de Michel Blanc, voire Le cœur des hommes de Marc Esposito : la variété des personnalités, des rencontres, des interactions ont l’avantage de nous mettre un peu au centre de la toile, chacun trouvant dans l’un ou l’autre des protagonistes ou des péripéties une ressemblance avec ce qu’il a ici et là vécu.

Pourquoi pas cette bande là, de quadragénaires avancés lyonnais, installés à peu près dans la vie, qui ont coutume, depuis toujours, de passer ensemble deux semaines de vacances ? Cette année-là, comme certains ont des soucis de fric, le plus prospère d’entre eux, Antoine (Lambert Wilson), fils de famille, marié à Véronique (Sophie Duez), qu’il trompe considérablement et qui, après un infarctus, a décidé de profiter de la vie sans mélanges, loue une grande maison magnifique dans les Cévennes. Il dissimule la hauteur du prix à ses copains, ravis de profiter de ce qui semble une aubaine. Tout le monde rapplique.

C’est là que les scénaristes ont développé leur modeste inventivité. Laurent (Lionel Abelanski), agent immobilier, s’est lancé dans une spéculation hasardeuse et craint d’être ruiné. Yves (Guillaume de Tonquédec) s’est aperçu que son fils Guillaume (Lucas Lavaine) fume de malencontreuses substances. Leurs femmes, respectivement Nathalie (Valérie Crouzet) et Laure (Lysiane Meis) ne se doutent ni l’une ni l’autre de ce qui ronge leurs maris.Mais le pompon, c’est le couple dissocié et désormais haineux que formaient naguère Baptiste (Franck Dubosc) et Olivia (Florence Foresti) ; chacun croyait que l’autre ne viendrait que la semaine où il ne serait pas là (suis-je clair ?), mais les voilà tous deux, butés, fermés, hostiles, leur mauvaise humeur gâchant passablement la vie des autres, qui n’en avait pourtant pas besoin.

J’arrête là cette présentation ; on devine, ayant posé cela, ce qui va se passer ensuite, que tout s’arrangera de façon heureuse, que les belles amours se reconstitueront et que gnagnagna. Après tout, pourquoi pas ? Mais l’ennui est que tout cela est d’une lenteur, d’une pesanteur, d’une absence d’idées exaspérante. Tout est téléphoné de longue date, tout est prévisible, tout est d’une extrême banalité.Naturellement, ça a plu au public : 1,6 million d’entrées. En 1986, le lumineux Thérèse d’Alain Cavalier avait réuni 1,4 million de spectateurs. Aucun rapport ? C’est exactement ce que je voulais dire.

 

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