Chickamauga

Brillant exercice de style.

Le DVD est intitulé Au cœur de la vie, et comprend ChickamaugaL’oiseau moqueur et La rivière du hibou. Trois histoires du singulier Ambrose Bierce, toutes trois centrées sur la Guerre de Sécession. Les suppléments du DVD indiquent d’ailleurs que Robert Enrico, qui voulait absolument réaliser La rivière du hibou a été amené par la production à densifier son court métrage et qu’il a adjoint deux histoires qu’il n’avait pas initialement prévu de tourner.

 Chickamauga est sans doute le segment le plus faible des trois, presque exclusivement onirique et esthétique. Le titre se réfère à la bataille importante qui a eu lieu, du 18 au 20 septembre 1863 aux confins de la Géorgie et du Tennessee et qui entraîna la mort de 35.000 soldats.

Un petit garçon sourd et muet, issu d’une famille patricienne, semble se perdre au milieu des combattants et, rêveur et innocent, regarde les charniers avec l’impression qu’ils ne sont que le résultat d’un vaste jeu aux règles compliquées mais à quoi il voudrait bien participer. Et c’est naturellement le contraste entre le sourire perpétuel de l’enfant et la pesanteur sanglante du massacre qui attire l’attention.

Si l’ensemble est d’une grande cohérence, extrêmement bien filmé, dans un Noir et Blanc absolument magnifique, Chickamauga fait tout de même un peu trop figure de style et ne possède pas la force brutale de La rivière du hibou. Mais il y a un travail exemplaire sur les bruits (notamment le souffle dévorant de l’incendie final) et sur l’image dont l’éclairage presque irréel fait songer quelquefois à de très belles séquences de Soy Cuba de Kalatozov.

On sent un peu l’artifice, ici et là, un peu le brillant mémoire de fin d’étude. Mais tel que c’est, avec des images brûlantes et une caméra inspirée, c’est drôlement bien.

 

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