Damien – La Malédiction II

La constitution du royaume.

Ah oui, le deuxième volet de la trilogie est presque aussi bon que le premier et si le spectateur sait désormais ce qui l’attend et frémit à l’avance des aveuglements et dénis de l’entourage de Damien, il voit aussi avec l’angoisse au cœur la progression inéluctable du Malin et de ses sectateurs. Qu’un film ne se prenne pas au sérieux est une bonne chose, mais au moins ne doit-il pas prendre des libertés avec sa propre cohérence et la logique de son sujet. C’est tout à fait le cas ici.

Si les dialogues sont assez médiocres, et nullement au niveau de l’aventure terrifiante contée, le scénario est habile et retors. Il est par exemple excellent que Damien (Jonathan Scott-Taylor) ne prenne conscience que très graduellement de sa nature et de son identité, qu’il y soit progressivement initié par tous ceux qui veillent sur lui et qui attendent avec constance et fanatisme sa révélation et son éveil ; et pas mal, non plus, qu’il s’accroche, en une dernière tentative, à sa vie d’avant en essayant d’y associer Mark (Lucas Donat) qui vient de découvrir que son frère nourricier est le fils de Satan.

J’apprécie que Damien suscite des répulsions immédiates, celle de Tante Marion (Sylvia Sidney), qu’on retrouvera au matin foudroyée par une crise cardiaque après qu’elle aura reçu dans la nuit la visite du corbeau fatidique, celle de la journaliste Joan Hart, à qui il n’a suffit que d’apercevoir le regard de Damien pour en découvrir la nature et qui finira écrasée par un camion, les yeux crevés par l’oiseau sur une route désolée…

Et que dire de l’inventivité des meurtres de tous ceux qui pourraient se mettre sur la route du destin de Damien ! D’emblée l’effondrement de la fouille où l’archéologue Bugenhagen (Leo McKern) a découvert la fresque qui dévoile Damien en Antéchrist et qui l’ensevelit presque comme dans La terre des pharaons ; la séquence où Bill Atherton (Lew Ayres), lors d’une partie de hockey glisse dans un trou d’eau, et se fait emporter sous la glace par le courant sous le regard effrayé et malgré les efforts des assistants ; la chute vertigineuse de l’ascenseur où le docteur Kane (Meshach Taylor) qui vient de découvrir la preuve que Damien est né d’un chacal est scié en deux par un câble.

Même les trucs les plus prévisibles fonctionnent parfaitement : ainsi l’assassinat final de Richard Thorn (William Holden) par sa femme Ann (Lee Grant) qui lui plante dans le ventre les dagues sacrées destinées à Damien en jetant à son mari Je lui ai toujours appartenu ! : on en était certain depuis longtemps, mais on est rassuré d’avoir tout compris d’avance !

La distribution est aussi réussie que celle du premier opus ; mention spéciale aux adorateurs du Démon, le sergent Neff (Lance Henriksen) qui oriente Damien en lui faisant découvrir l’Apocalypse Lis, apprends, comprends et le détestable Paul Buhler (Robert Foxworth), empoisonneur industriel sans scrupule (une petite allusion à Monsanto, par hasard ?) ; ceux-là sont presque aussi bien que la nurse Baylock (Billie Whitelaw) de La Malédiction

Malheureusement, ça s’arrêtera là. Je me promets de revoir un de ces quatre La malédiction finale, atterrante de médiocrité pour essayer d’écrire ce qu’aurait dû être une terrifiante conclusion à la terrifiante histoire de Damien Thorn.

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