Dangereusement vôtre

James Bond se fait vieux.

Que c’est triste, cette décadence et cet abâtardissement continus d’un mythe qui révolutionna le cinéma d’action et qui donna parmi les meilleures réussites du genre ! On sait bien que la série s’est essoufflée assez vite, dès le quatrième ou cinquième épisode et que même Sean Connery, s’il avait persisté, ne l’aurait pas sauvée : les dernières de ses incarnations n’étaient pas du niveau des premières, évidemment. Mais lorsqu’on atteint ce niveau accablant d’infantilisme, on est presque gêné d’avoir regardé.

Dangereusement vôtre en 1985, d’ailleurs, c’est la dernière prestation de Roger Moore dont la première (Vivre et laisser mourir en 1973) n’était pas désagréable. Douze ans ont passé et son visage et son corps se marquent. Mais que dire – c’est effrayant – de la Lois Maxwell qui, 23 ans après Dr. No prétend toujours incarner une Monneypenny, bréhaigne qui joue la charmeuse et qui fait peine à voir, costumée en vieille jeune fille excitée…

critique-dangereusement-votre-glen17Pour autant, des physionomies nouvelles arrivent ; le méchant, Max Zorin n’est pas mal traité par Christopher Walken et l’idée de l’affubler d’une sorte de guerrière à muscles d’acier, Mayday (Grace Jones) n’est pas mauvaise ; surtout si on apprécie le physique androgyne austère de la dame, qui fit les beaux jours de la jet-set internationale il y a trente-cinq ans. Mais le scénario est d’une indigence absolue, compliqué à plaisir, fuligineux, pourtant, bien pensant comme on l’imagine ; en mixant dans un même capharnaüm l’Empire du Mal soviétique et un malencontreux fou furieux issu de détestables expériences nazies, on gagne à tous les coups la considération de l’Empire du Bien.

dangereusement-votre-1J’ai tout de même donné à ce très mauvais film une note qui se veut à peine supérieure au zéro pointé : pour quelques images de Paris vu de la Tour Eiffel et pour la beauté somptueuse des grandes écuries du Prince de Condé, à Chantilly. Je ne crois pas me souvenir que James Bond ait beaucoup fréquenté notre Capitale, la plus belle ville du monde, ce qui est, finalement, assez étonnant, tellement il y a de sites et de perspectives qui auraient pu illuminer la suite des films.

Ça a eu tout de même du succès. On se demande pourquoi et comment.

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