Erreur de la banque en votre faveur

Par ici la monnaie !

Ce qui est assez rigolo, c’est que notre époque semble découvrir que l’argent est fou, et que la cupidité, si on lui laisse la bride basse, parvient à mener le monde, alors que, de tous temps, les gens sérieux, en tout cas un peu soucieux de l’équilibre des sociétés, ont essayé, sans toujours y parvenir, de le brider. Philippe le Bel emprisonnait régulièrement les banquiers, à tout le moins leur confisquait leurs excès de plus-values, et cette saine façon de voir permettait à l’Etat de se consacrer à l’intérêt général, qui n’est pas l’intérêt d’une oligarchie…

Voilà quelques mots bien solennels pour préalable de quelques mots sur un petit film, regardé distraitement tout à l’heure, mais qui, de façon sommaire et caricaturale dit tout le mal qu’on peut penser des grosses machines bancaires, qui ruinent les gens pas même pour le plaisir, mais pour l’esprit de système…. C’est la forte et profonde parole de Baudouin d’Espinasse (Philippe Magnan) à ce petit besogneux Julien (Gérard Lanvin) qui, parce qu’il a surpris quelques secrets et réalisé quelques millions croit être entré dans la cour des grands : Avoir gagné 100 millions ne donne pas la richesse, mais simplement la possibilité d’en gagner 200.

Si le film de Gérard Bitton et de Michel Munz avait voulu être vraiment subversif, c’est là qu’il aurait dû frapper : la richesse, en fait, c’est l’habitude d’être riche, et comme le dit d’Espinasse à Julien avec un souverain mépris, ma famille est riche depuis deux siècles. Ce qui signifie, en d’autres termes, que lorsque Julien et ceux qui l’entourent auront fini par claquer leur capital, la richesse de la banque Berthin-Schwartz demeurera immuable. Mais ça, dans un film formaté pour la télévision, c’est un peu indicible. À noter, toutefois, au bénéfice du film, qu’aucun des personnages n’est vraiment net et que la tentation de l’argent vite et sans effort gagné chatouille tout le monde et pollue chacun. C’est d’ailleurs exactement comme ça que ça se passe dans la vie réelle.

Gérard Lanvin, majordome stylé en voie de licenciement, qui se rebiffe et, par un opportun cheminement du hasard, parvient à tailler des croupières à quelques seigneurs de la Finance, Jean-Pierre Darroussin, son ami, cuisinier de génie, et sentimental anarchiste vite rappelé aux réalités par de bienvenues opérations boursières sont l’un et l’autre excellents. Des historiettes romanesques avec les fort jolies Barbara Schulz et Jennifer Decker ne parviennent pas à gâcher ce brave petit film, à qui il manque tout de même l’once de sauvagerie qui aurait été nécessaire pour davantage démolir l’horreur économique…

Si toutefois, ce que je ne pense pas, ou pense de moins en moins, l’affaire est démolissable. Comme le dit un de mes proverbes préférés, que je cite dès que je le peux (et c’est donc souvent) :  La pierre tombe sur l’œuf, tant pis pour l’œuf, l’œuf tombe sur la pierre, tant pis pour l’œuf..

Le paradis n’est pas de ce monde.

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