Jeanne du Barry

« Il y a bien du monde aujourd’hui à Versailles ».

Le bal des actrices ou Polisse, rien qui m’incline à aller regarder un film de Maïwenn, actrice bizarre à l’histoire compliquée et aux positions politiques variées. Et qui, de plus, a eu une relation avec le physiquement immonde Joey Starr. Rien qui me séduise là-dedans. Pourtant deux grands plaisirs qu’elle m’a donnés : celui d’avoir publiquement insulté Julie Gayet, la fille au scooter encombrant et surtout – et surtout -, jouissive, celle d’avoir empoigné par les cheveux et craché au visage de la raclure majuscule Edwy Plenel; le pape autoproclamé du Camp du Bien.

Deuxième raison : savoir que le film ne pourra faire autrement que filmer Versailles, le plus bel endroit du monde, le plus beau palais qu’on puisse voir sous le ciel. Quand on a cette merveille en face de la caméra documentaire de Monument Valley dans le Nouveau Monde, on se dit que l’Ancien (Monde) a quelques millénaires d’avance et n’a rien à craindre en termes d’émerveillements.

Cela écrit, j’en suis encore à me demander comment un film peut donner une telle insatisfaction, alors qu’il est pourtant bien filmé, bien interprété (Johnny Depp, le Roi, est magnifique, et Maïwenn en Du Barry, pas mal du tout), qu’il a bénéficié d’importants moyens matériels (figurants, costumes, décors et toute la kyrielle) et qu’il relate, sans trop d’inexactitudes la période la plus flamboyante de la vie de Jeanne Bécu (ou Jeanne Gaumard de Vaubernier, tout cela n’est pas très net), qui fut la dernière favorite du Roi Louis XV. Un grand monarque, malheureusement affligé de timidité et de mélancolie, mais qui accomplit une action considérable en matière de diplomatie et dont les réformes, du Chancelier Maupéou, qui brisaient les forces corporatistes, archaïques des Parlements auraient dû permettre à la monarchie française de se survivre et d’éviter les horribles épisodes de la barbare Révolution. Maupéou qui était, d’ailleurs, du clan de la comtesse du Barry.

Mais on ne parle pas de cela, on n’évoque pas du tout les enjeux politiques et l’atmosphère bouillonnante de l’époque dans le film de Maïwenn : on demeure malheureusement dans une sorte de retranscription filmée de Points de vue – Images du monde ou de Gala, c’est-à-dire dans une sorte de scénographie jolie, mais inutile de ce qui peut se passer dans la Cour d’un souverain.Lorsque l’on va voir un film qualifié d‘historique, on n’est pas pour autant acharné d’y retrouver une vérité scientifique ; et si Maïwenn avait pris quelques libertés excessives avec la réalité, on n’aurait pas vraiment le front de les lui reprocher. Il y a des spécialistes qui fronceront les narines sur des détails minimissimes – et pour le quidam moyen, insignifiants – Ce qui compte au cinéma, ce n’est pas l’exactitude d’une leçon prononcée au Collège de France, c’est l’emportement que le film doit faire subir au spectateur.

Voilà donc ce que l’on peut regretter, au vu du devoir bien ordonné de Jeanne du Barry : une grande sagesse, un grand respect de la grammaire cinématographique et surtout un grand manque de rythme. Comment décrire ce qu’est le rythme au cinéma ? J’en suis incapable ! Il y a des film de trois heures et plus qui le portent, des courts métrages de trente minutes qui en manquent. Qu’est-ce qui ne va pas, ou pas assez ? Dialogues, musique, montage ? Je n’en sais rien. Je sais qu’il y a des films qui vous portent, d’autres que vous regardez calmement. Évidemment, ce sont les premiers qu’il faut voir. Et aimer.

 

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