La Chartreuse de Parme

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C’est bien moyen !

La gageure d’adapter une œuvre aussi célèbre et aussi complexe n’est pas mal tenue par le bon Christian-Jaque et, malgré sa longueur – 2h45 – le film se laisse voir très agréablement. L’adaptation est de Pierre Véry, qui avait déjà fourni à Christian Jaque les scénarios des Disparus de Saint-Agil et de L’assassinat du Père Noël ; on voit par là que les équipes, à cette époque, demeuraient soudées !

Ce qui, d’ailleurs, explique une des faiblesses du film, la distribution des rôles. Passe encore pour Gérard Philipe en Fabrice, plutôt moins théâtral que d’habitude, donc moins mauvais, et toujours aussi beau, assez conforme à l’idée qu’on peut se faire du personnage. De même, Louis Salou épouse assez bien le mélange de cruauté et de ridicule que l’on prête à Ranuce-Ernest IV ; je ne suis pas un admirateur absolu de Maria Casarès (c’est une litote !), mais elle n’est pas mal du tout en Sanseverina…. ; non…la catastrophe absolue (la première ; je viendrai plus tard à la seconde) est Renée Faure en Clélia Conti.

J’aime pourtant bien cette actrice, mais à partir du moment où elle joue les vieilles filles encore belles, qui, pour une raison ou pour une autre, ont vu la vie et l’amour passer au delà d’elles ; c’est la Mademoiselle du Sang à la tête qui tente de « récupérer » Gabin dont la femme (Monique Mélinand) s’est enfuie avec un gigolo ; c’est la Milleran du Président qui veille sur un autre Gabin, qui ressemble furieusement à Clemenceau… Mais dans L’assassinat du Père Noël, en jeune fille innocente, elle est très fausse, devant un Raymond Rouleau encore plus théâtreux que dans Falbalas (c’est dire !)…

En fait, elle devait être quelque chose ou quelqu’un dans la vie de Christian-Jaque pour qu’il la choisisse pour tourner une Clélia qui, dans le roman a à peine vingt ans, alors que Renée Faure, née en 1918, en a trente lorsqu’elle tourne cette Chartreuse de Parme. En tout cas, elle n’a pas la fraîcheur (et sa voix grave n’arrange rien) que l’on prête à Clélia.

La seconde catastrophe – et la plus grave – c’est l’édition René Château : « film entièrement remastérisé », dit la notice ! Qu’est-ce que ce serait ! Outre les scories, les traces, les macules qui subsistent, on croirait, souvent, être dans la Maison du diable de Robert Wise avec ses déformations, ses modulations d’image qui altèrent gravement un film par ailleurs plutôt réussi…

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