Le fils de Jean

C’est mieux que « Joséphine ange gardien ».

C’est mieux, nettement mieux que Joséphine ange gardien, le feuilleton consensuel qui répand la gentillesse dans les chaumières, les barres et les tours, mais on a tout de même bien l’impression qu’on est dans un téléfilm réalisé pour TF1, avec de lourds secrets de famille qui ne seront dévoilés qu’à la fin, un bon moment d’exotisme verbal et géographique (puisque la quasi totalité du film se passe au Québec) et une marche au bord du précipice puisqu’on frôle les terrifiantes abysses de l’inceste. Ce qui permet de comprendre, s’il en était encore besoin pourquoi le héros, Matthieu (Pierre Deladonchamps, presque aussi torturé que dans L’inconnu du lac, mais nettement moins déshabillé) ne couche pas avec Bettina (Catherine de Léan, bien appétissante), alors que tous les deux, après une nuit alcoolisée en ont manifestement la plus grande envie.

On voit que les audaces des films formatés pour être diffusés à la télévision sont empreintes de la plus grande politiquement correcte vertu : il n’est pas choquant, il ne choque personne que le géniteur de Matthieu ait répandu sa semence sous toutes les latitudes, ainsi croissant et multipliant ; il ne choque personne que Matthieu et Bettina soient l’un et l’autre séparés de ceux qui leur ont fait des enfants : cela; c’est l’ordre individualiste du monde d’aujourd’hui : je tire et je me tire. Mais qu’il puisse y avoir une relation demi-incestueuse entre demi-frère et demi-demi-sœur, voilà qui est inadmissible… Jacques Demy ou Louis Malle étaient moins hypocrites dans notre monde d’avant, paraît-il si épouvantablement corseté…

Bon. De quoi s’agit-il ? comme disait je ne sais plus qui… D’un grand dadais parisien qui est convié bizarrement à aller assister aux funérailles de son géniteur, disparu dans un lac québécois après un AVC, qu’il n’a jamais rencontré, étant le résultat d’un moment de délicieuse et conquérante folie entre un Canadien qui passait par là et une fraîche Française sûrement assez naïve. Rencontre assez mystérieuse et douteuse avec les demi-frères putatifs (au courant de rien, au demeurant) autour d’un lac, étendue d’eau le plus souvent angoissante au cinéma (Funny gamesLe couteau dans l’eauLa baie sanglante…), installation dans l’intimité de la famille du meilleur ami de son père, composée de Pierre (Gabriel Arcand), de sa femme Angie (Marie-Thérèse Fortin) et de Bettina, admirée plus haut.

Et gnagnagna ; on, a bien compris que chez ces taiseux, tout doit se deviner, parce qu’il y a de la pudeur, de la gêne, du quant-à-soi. Pierre est le père de Matthieu (ai-je cru comprendre, sans en être tout à fait sûr… mais si bien évidemment puisqu’il ne couche pas avec Bettina…) et il repart pour Paris soulagé, libéré, délivré (comme dans La reine des neiges), prenant sans doute la résolution de venir bientôt retrouver toute sa chouette famille recomposée à qui mieux mieux…

J’avais bien aimé un joli film de Philippe Lioret, qui s’appelait Mademoiselle, avec la solaire Sandrine Bonnaire. Je vois que ce monsieur s’enkyste aujourd’hui dans des films militants…. Il n’y a pas de hasard.

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