Le soleil des voyous

Camomille et miroton.

Le soleil des voyous est un de ces films qu’on regarde sans déplaisir, avec un bon sourire complaisant pour ce cinéma d’une grande facilité, un peu paresseux, un peu ronronnant (bien qu’il se donne des airs de méchant) et à quoi on a envie d’assister en robe de chambre et en pantoufles. Par chance, c’est dans cet heureux état qu’on peut le regarder aujourd’hui, que ce soit grâce au DVD ou à une des multiples chaînes qui le ressassent.

Il me semble bien que je ne l’avais jamais regardé jusqu’alors. Il date de 1967 et, cette année-là, il avait une sacrée concurrence  : pour ne citer que quelques titres La collectionneuse d’Éric Rohmer, Les demoiselles de Rochefort de Jacques Demy, Belle de jour de Luis Bunuel, Le samouraï de Jean-Pierre Melville, Bonnie and Clyde d’Arthur Penn, Casino Royale de John Huston. Pour faire bonne mesure, j’ajoute que j’ai notamment vu aussi en 67 Indomptable Angélique de Bernard Borderie et Blow-up de Michelangelo Antonioni, appréciant infiniment plus le premier que le second.

pi_grande_colpo_del_secolo_jean_gabin_jean_delannoy_021_jpg_fgqzC’est dire si un film de Jean Delannoy avec un Jean Gabin qui avait tout de même sa légende derrière lui n’avait pas dû exciter beaucoup mes envies. Même s’il allait encore tourner quelques films mémorables (Le pacha, La Horse et surtout, naturellement, Le clan des Siciliens et Le chat), Gabin, depuis quelque temps, entre Denys de La Patellière et Jean-Paul Le Chanois faisait dans l’alimentaire (Monsieur, Le Tonnerre de Dieu, Le jardinier d’Argenteuil). Aucune raison alors d’aller dépenser mes précieux picaillons au Soleil des voyous.

Je ne me le reproche pas, pour les raisons sus-énoncées. Le film ronronne gentiment, on y trouve et retrouve quelques trognes agréables à revoir de temps à autre (sans excès), comme Bernard Musson (le comptable), Jean Topart (le voyou qui aime sa maman), Albert Michel (le garagiste ivrogne). On y croise même deux grandes actrices, Suzanne Flon, improbable épouse, et Lucienne Bogaert, maman voyoute. Le cambriolage de la banque est bien mené. Mais on oublie vite.

Ça sent un peu la camomille et le bœuf miroton. Ce qui n’est pas désagréable, mais limité.

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