Les assassins sont parmi nous

71656On s’achète une conduite…

Premier film allemand produit après la guerre, sous le contrôle des puissances occupantes, mais davantage encore de l’Union soviétique, Les assassins sont parmi nous peut bénéficier d’un certain effet de curiosité, mais guère de davantage. Le regard porté sur la capitale du Reich de mille ans dévastée, dont il ne reste que ruines, est bien plus intéressant dans La scandaleuse de Berlin de Billy Wilder et surtout, naturellement, dans Allemagne année zéro de Roberto Rossellini.

Le classicisme un peu corseté du récit – volonté presque didactique de présenter une Allemagne en paix avec elle-même – est partiellement compensé par une certaine originalité des prises de vue, sensiblement marquées par l’expressionnisme ; il est vrai que les dévastations urbaines permettent de choisir et de présenter des angles originaux souvent impressionnants et que le décor des immeubles éventrés frappe toujours l’œil du spectateur.

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Hildegard Knef, dont Susanne, revenue des camps où elle a été déportée en 1942, est un des premiers rôles à l’écran, a laissé une petite trace dans l’histoire du cinéma (Les neiges du Kilimandjaro, Landru, Fedora), bien plus que les autres acteurs, confinés aux spectacles germaniques, mais pour autant très convenables. Aussi bien Ernst Wilhelm Borchert, qui interprète le personnage positif, le docteur Hans Mertens, obsédé par les horreurs commises, que le salopard, Ferdinand Brückner (Arno Paulsen), capitaine de la Wehrmacht qui a fait assassiner, en Pologne, hommes, femmes et enfants mais qui a retrouvé, industriel cossu, la respectabilité germanique (on ne peut pas se tromper dès qu’on le découvre à l’écran : il ressemble à Heinrich Himmler).

die_m_rder_sind_unter_uns_progress_foto_eberhard_klagemann_6_Car le propos sentencieux du film est de montrer l’Allemagne vaincue surmonter ses démons : le docteur Mertens, hanté par eux, alcoolisé et débauché, qui squatte un appartement dévasté noue une histoire d’amour avec Susanne, libérée par les Alliés, qui revient chez elle. De façon un peu compliquée elle remet Mertens, ancien soldat, sur la trace de son capitaine, Brückner. Ce criminel de guerre a su opportunément retrouver sa famille et la prospérité matérielle. Il paraît être un père et un mari modèle et sa femme incarne parfaitement l’idéal des épouses germaniques : les trois K : Kinder, Küche, Kirche (Enfants, Cuisine, Église). Mais – ô, gros yeux de la Morale ! – on voit bien que c’est un saligaud puisqu’il profite d’une absence de sa moitié pour aller s’encanailler dans un cabaret avec des créatures…

2541278_478x268Le bon docteur Mertens va donc tenir entre ses mains (et sous son revolver) l’affreux Brückner : on ne va pas dire ici comment ça se termine (d’ailleurs on l’a oublié), mais on est un peu narquois de constater combien la vertu s’impose, rejetant aux ténèbres extérieures l’abomination du nazisme en faisant mine d’oublier que la quasi totalité du peuple allemand a soutenu jusqu’au dernier jour la folie d’Adolf Hitler

Passez, muscade…

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