Les Duraton

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Pour amateurs de raretés inutiles

Ah ! Ces Duraton-là, de 1955, sont beaucoup moins bien que leurs prédécesseurs, les Duraton de 1940 ! Et non pas seulement parce qu’il leur manque Jules Berry et Noël-Noël, dont la présence suffit, de toute façon, à masquer l’insignifiance de n’importe quel film, mais parce qu’on ne retrouve rien, dans cette exploitation du succès radiophonique invraisemblable de la famille-type du Français moyen, de la malice du film initial.

Invraisemblable succès radiophonique  ? je comprends ! Car même en défalquant les années de guerre (dont j’ignore si elles ont été gratifiées du feuilleton), et même en prenant la mesure des choses et la relativité des époques, il faut tout de même savoir que ce petit quart d’heure quotidien a été diffusé de 1937 à 1966 et que deux générations se sont intoxiquées à ce robinet d’eau tiède, ancêtre des soap opéras et des Feux de l’amour de la télévision…

Le film de 1940 (La famille Duraton, donc) retraçait drôlatiquement l’origine présumée de l’émission et n’était pas mal du tout dans le genre. En 1955, Les Duraton se sont installés, et au delà !, dans le paysage des soirées françaises, une France où la télévision n’existe qu’à peine et où des millions de gens, leur dîner ingurgité et la vaisselle faite s’asseyent, l’un avec sa pipe, l’autre avec son tricot, devant un poste massif où le réglage parfait s’obtient en actionnant des gros boutons qui permettent d’obtenir, dans une petite lucarne, une jolie couleur verte.

Le film survole à peine l’émission, les quatre ou cinq comédiens qui, chaque soir, enfoncent des portes ouvertes et mettent à la fois les ronchons et les rieurs de leur côté. L’argument est simplement que, le réseau venant de s’étendre à des départements oubliés, un brave homme (Ded Rysel), nommé lui aussi Duraton, devient l’objet de la risée publique, dans le collège dont il est Principal, mais également dans tout le bourg. Sa femme, ses enfants sont eux aussi touchés par la mésaventure. Ils en demandent donc réparation, et veulent faire interdire l’émission.

On le voit, c’est assez mince, d’autant que se greffe là-dessus une histoire sentimentale nunuche entre l’avocat de la Radio (Roland Alexandre) et la fille de la maison, Solange (ravissante Danik Patisson, dont la carrière fut, hélas, bien médiocre). Darry Cowl, aussi fatigant et prévisible que d’habitude, n’a même pas les quelques fulgurances qui, rarement il est vrai, pouvaient le rendre deux minutes irrésistible. Jean Carmet était encore bien loin d’avoir atteint la densité humaine qu’il toucha si fort à la fin de sa carrière et se contentait, de film en film, de reproduire un personnage de balourd insupportable. Jane Sourza avait de la fougue, mais rien d’autre…

Mais bon ! C’était encore le règne incontesté de Radio Luxembourg, qui n’avait guère changé depuis l’Avant-Guerre. Et pourtant, en cette même année 1955 naissait Europe n°1 : Pour ceux qui aiment le jazz, Signé Furax…bientôt Salut les copains.

Déjà on changeait d’époque…

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