Les fleurs de ShanghaÏ

Ennui imbécile et décoratif.

Je suis tombé sur ça un peu par hasard sur un site de VOD. Je n’avais rien d’autre à faire et l’accroche du site qui proposait le film m’émoustillait. Elle évoquait, dans la Chine pourrie de la fin du 19ème siècle, des histoires se passant dans des bordels de qualité, au milieu des fumées de l’opium. Le cochon depuis longtemps endormi en moi, a ouvert à demi un œil las et j’ai commencé à regarder. Le nom du réalisateur, Hou Hsiao-hsien ne me disait évidemment rien mais j’ai lu, dans la traîtresse accroche de présentation qu’il était un notoire metteur en scène taïwanais et qu’il avait présenté son film au festival de Cannes. Ça n’était gage d’absolument rien, mais il se pouvait que, finalement, ce soit une bonne surprise. Les marécages du marketing et la nécessité de convier sur la Croisette d’inutiles films exotiques, si pavés de bonnes intentions qu’ils sont, peuvent quelquefois avoir la main pas trop malheureuse.

Ben non ! Quelle ridicule chose que ce film au titre alléchant, puisque on appelait Maisons des fleurs, jadis, les plus élégants bordels de Shanghaï… Mais tout est de ma faute ! La paresse est la plus mauvaise conseillère qui se puisse et, faute d’avoir jeté un coup d’œil sur Wikipédia, je me suis collé près de deux heures d’ennui décoratif. Une simple exploration de la si pratique encyclopédie aurait pu me rappeler que j’avais regardé il y a trois mois et demi un film mêmement insupportable de Hou Hsiao-hsien, un Millennium mambo exaspérant sans aucun intérêt.

Notre vieille amie Wiki m’aurait d’ailleurs pleinement instruit sur la manière de filmer du mec. Comme elle dit ça mieux que je ne saurais le faire, je la cite donc sans scrupule aucun : Hou raconte ses histoires de manière oblique, réduit l’intrigue au strict minimum et privilégie la suspension du temps. Son style se compose de très longs plans-séquences avec peu de mouvements de caméra mais une chorégraphie complexe des acteurs dans l’espace.

Mais qu’est-ce que c’est guindé et pesant, cette absence d’histoire… Ou plutôt la vague histoire d’un certain Wang (Tony Leung Chiu-wai) dont le cœur est partagé entre deux courtisanes, qui portent les noms de guerre de Rubis (Michiko Hada) et Jasmin (Vicky Wei). C’est encore Wiki qui m’apprend que ce Wang est un haut fonctionnaire du ministère des affaires étrangères. À moins que je ne me sois endormi quelques secondes devant le film, je n’ai pas souvenance que cette indication soit donnée dans le film : elle doit être exposée dans le roman d’un certain Bangqing Han.

Tout est à l’avenant : on ne sait pas qui sont les personnages, d’où ils viennent, quels caractères ils ont. On voit passer de riches Chinois rigolards qui passent leur temps à jouer à des jeux incompréhensibles, à boire du thé ou un alcool qu’ils nomment vin, à fumer de l’opium et à manger du riz gluant surmonté de choses indéfinissables saisies avec des baguettes. Il y a plein de jolies filles aux mœurs faciles boutonnées jusqu’au cou, qui portent de jolis noms, Perle (Carina Lau), Émeraude (Michelle Reis), Jade (Hsuan Fang), Fleur d’or (Annie Shizuka Inoh), Trésor (Yu-han Lin), mais on les confond un peu toutes. D’autant qu’on ne comprend pas bien les péripéties de leurs vies.

Il semble que ces jolies filles ont des protecteurs riches à qui elles accordent des faveurs qui ne sont pas forcément exclusives, sauf accord contraire ; et voilà, c’est à peu près tout. L’atmosphère est absolument confinée, toujours dans une lumière jaune artificielle et dans des décors clinquants outrageusement surchargés. C’est très décoratif, comme je l’écrivais supra mais c’est bien lassant.

Aucun personnage ne retient l’attention, aucune anecdote non plus. Musique inexistante. Dialogues répétitifs. Un Zéro définitif.

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