Les lions sont lâchés

Mais la mouche tsé-tsé les a piqués.

Bon, allez, je vous mixe tout ça. Réalisateur, Henri Verneuil, un des metteurs en scène les plus solides du cinéma français, un type qui collectionne les succès et qui tourne quelquefois de bons, de très bons films, de La vache et le prisonnier au Clan des Siciliens en passant par Le Président, Un singe en hiver, Mélodie en sous-sol et bien d’autres, des succès publics et des films qu’on ne se lasse pas de voir. Auteur du roman dont le film est adapté, Françoise Parturier, (sous le pseudonyme de Nicole), qui fut un auteur à grands succès, à la fois féministe et gaulliste (ce qui ne va pas de soi).

Aux dialogues ? Carrément Michel Audiard, que je ne crois pas utile de présenter, même au lecteur le moins assidu des gloses cinématographiques. La musique ? Georges Garvarentz, beau-frère de Charles Aznavour et, pour lui compositeur de grands succès, et de magnifiques musiques de films (Paris au mois d’août, par exemple).

Les acteurs ? Je vous attends là : Danielle Darrieux, Claudia Cardinale, Michèle Morgan, Lino Ventura, Jean-Claude Brialy en premier rideau et, au second plan, voire en silhouettes, des comédiens solides, Jean Ozenne, Daniel Ceccaldi, Louis Arbessier, Marcel Charvey… Même Darry Cowl (qui parvient, il faut le reconnaître, à n’être pas tout à fait insupportable) et l’apparition en guest star de Pierre Desgraupes : du beau monde, n’est-ce pas ?

Tout est en place pour produire un film attirant, intéressant à tout le moins. On se dit qu’on va se régaler. Et on s’ennuie ferme : ça se veut léger et un peu fripon, ça n’est que lourdement vaudevillesque et terriblement superficiel.

Une jeune femme, Albertine (Claudia Cardinale), qui s’est disputée avec son mari, arrive de Bordeaux et s’établit chez une amie parisienne, Cécile (Michèle Morgan) qui l’introduit peu à peu dans un monde d’apparence et de coucheries, où elle va osciller entre un auteur à succès, Didier Marèze (Jean-Claude Brialy) et un chirurgien réputé, André Challenberg (Lino Ventura) qui l’un et l’autre couchent, ou ont couché, avec Marie-Laure (Danielle Darrieux), mondaine amie de Cécile.

Tout le film se passe en marivaudages. Ce ne serait pas du tout une raison pour lui en vouloir et il y a beaucoup de films qui se bâtissent autour de ces escrimes plus ou moins élégantes. Mais là, c’est terriblement insipide, sans le plus petit éclat venimeux, sans la moindre goutte de fiel. On se croirait presque dans une de ces accablantes pièces de boulevard dont on recycle avec détermination les ressorts à bout de course et qui font crouler de rire les salles peuplées de fiers titulaires de la carte vermeil. Disons toutefois, à la décharge des Lions sont lâchés, qu’on n’y voit pas d’amant en liquette et fixe-chaussettes enfermés dans l’armoire normande puis débusqué par le mari furibard. C’est déjà ça.

Créditons le film de la beauté des actrices et passons à autre chose.

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