Les plages d’Agnès

C’est bien dommage !

Je ne tiendrai pas sur Les plages d’Agnès un propos  dithyrambique. Je ne dirai pas autant de bien du film, que je le souhaiterais, alors même que j’ai pour Agnès Varda de l’admiration, de la révérence aussi, tout autant pour ses longs métrages de fiction (merveilleux moments, souvent poignants et graves, jamais légers, passés avec Cléo, Le bonheur ou Sans toit ni loi que pour ses documentaires.

Documentaires n’est d’ailleurs pas tout à fait le mot qui représente le mieux ce cinéma-promenade, souvent si prenant qu’on pourrait le croire scénarisé ; Daguerréotypes, Les glaneurs et la glaneuse filment la vie telle qu’elle est avec une justesse de ton, une empathie avec les personnages, une ouverture d’esprit si grandes qu’on pourrait presque se croire dans une fiction (à bien y réfléchir, d’ailleurs, à part Le bonheur à facture de récit classique, tous les films de Varda sont de cette eau-là).

Et donc Les plages ; parvenue au soir de sa vie (elle aura 82 ans le 30 mai), Agnès Varda se penche avec beaucoup de tendresse et sans guère de complaisance sur une vie qui fut pleine, émaillée de rencontres magnifiques, de confrontations avec le siècle passé (l’Exode de 1940, la Nouvelle vague, les hippies et les Black Panthers, le féminisme et l’avortement), de l’amour toujours brûlant pour son mari Jacques Demy (mort en 1990).

Mais il manque quelque chose : une vie, si riche qu’elle puisse être, n’est un fil conducteur que si on la considère dans une optique didactique : les plages, évoquées d’emblée, plages de Belgique, de la mer du Nord, (puisque Varda est née à Bruxelles), plages du Languedoc (Sète, où la famille Varda s’est réfugiée pendant la guerre), plage artificielle de la rue Daguerre, dans le 14ème arrondissement où vit la réalisatrice, ne donnent pas assez de substance au film, et ce fil conducteur-là semble un peu artificiel….

C’est dommage, parce que le parcours d’Agnès Varda est sujet suffisant, et les images des films, qui surviennent au détour des séquences montrent assez l’importance de cette grande petite bonne femme, au casque de cheveux noirs (la plupart du temps) dans le cinéma français du dernier demi-siècle…

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