L’homme de la sierra

Verbeux, poisseux, ennuyeux.

J’ai rarement vu quelque chose d’aussi terne et d’aussi mou dans le genre du western, qui n’est pas, évidemment, parmi mes préférés, mais où je puis néanmoins parvenir à trouver ici et là un petit parfum d’exotisme qui tombe bien en temps d’été et de vacances. Mais là, j’en demeure baba ! Pas le moindre petit grain d’excitation dans un film qui se traine avec une paresse insondable et qui n’en finit pas de ne pas étonner.

J’étais pourtant à deux doigts de frémir un peu dans mon canapé lorsqu’est intervenue la partie de bras-de-fer entre Matt Fletcher (Marlon Brando), l’homme qui veut récupérer à tous prix son cheval pommelé (et il a bien tort : la pauvre bête est franchement hideuse) et celui qui a dérobé la bête, le redoutable et cruel (comme tous les Mexicains, n’est-ce pas ?) Chuy Medina (John Saxon). Ce méchant homme ne se contente pas de voler à ceux qui les possèdent les animaux qui lui plaisent : il tient presque en esclavage un beau brin de fille, Trini (Anjanette Comer) qui lui a été naguère vendue par ses parents en vue du mariage (Diable ! Où vont-ils chercher tout ça ?).

Donc partie de bras-de-fer entre les deux hommes, le vainqueur pouvant disposer ad libitum de la fille et du cheval (on voit bien que leurs valeurs marchandes et sentimentales intrinsèques, aux yeux des deux adversaires, sont à peu près équivalentes). Lors de ce combat, extrêmement mal filmé au demeurant, un peu de piment (nous sommes au Mexique, que diable !) fait s’entrouvrir la paupière lasse : de part et d’autre de l’axe du combat sont ingénieusement attachés par un fil à la table deux redoutables scorpions de Durango, dont la piqûre, nous le savons tous, est absolument mortelle : outre d’être humilié par la défaite et de perdre les enjeux susmentionnés, le vaincu sera forcément piqué et envoyé ad patres.

Je n’ai toujours pas très bien compris pourquoi et comment le chevaleresque Matt, quoique sévèrement battu par la force du scélérat Chuy, parvient à s’en sortir : j’ai l’impression qu’il se gratouille l’endroit où le scorpion l’a mordu avec un tesson de bouteille, faisant ainsi fuir le venin, mais ce n’est pas très clair. Toujours est-il qu’il parvient à fuir, aidé par la belle Trini, est soigné par une sorte de sage ou d’ermite qui se trouve fort opportunément à proximité, puis finit après quelques péripéties à abattre son ennemi.

Entretemps – ou plutôt au début du film, mais ça n’a aucune importance tant c’est filandreux – Matt, alors hirsute, est allé retrouver Paco (Rafael Campos), quelque chose comme son frère de lait, qui vit petitement avec sa femme Ana (Miriam Colon) – qui, au demeurant me semble davantage attirée par Matt que par son époux. Bourrés comme des coings les deux amis se sont ridiculisés devant la bande de Medina qui lorgnait déjà l’alezan pommelé de Matt qui leur a infligé mille plaisantes niches, du type et que je te tire au lasso dans la rivière puis dans la poussière ou et que je te suspende dans un grand arbre. On n’est pas plus farceur !

Mettons au crédit du réalisateur, le peu notoire Sidney J. Furie un certain sens de l’image paysagère ; mettons à son débit la manie de filmer les visages de ses acteurs continuellement en gros plans (mais en gros plans léchés : la peau du menton de Brando paraît être une publicité éclatante pour une marque de mousse à raser).

Et concluons que n’est pas Sergio Leone qui veut.

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