L’homme qui voulait vivre sa vie

Passage au drame.

Je ne peux pas dire que je me sois ennuyé à la vision de ce film à l’intrigue compliquée, quoique lisible, mais je ne peux pas dire non plus que dans un mois, dans un an je me souviendrai de l’avoir vu.

Ça commence effroyablement mal, comme un de ces sujets de notre société malade, des états d’âme de la classe moyenne supérieure : réussite professionnelle, érosion du couple, fausse chaleur de pseudos amitiés, inquiétude pour les enfants.

Ça se passe au Vésinet, il me semble, mais ça pourrait être à Garches ou à La Celle Saint-Cloud : appartements confortables, transports en commun pour gagner la Capitale, vie complètement américanisée (pas un seul livre dans le décor). Et ça bascule, de façon très improbable, mais très réussie lorsque Paul Exben (Romain Duris) tue accidentellement Grégoire Kremer (Éric Ruf), l’amant de sa femme (Marina Foïs). On se dit alors, pendant quelques minutes, qu’on va avoir une de ces dix mille contorsions filmiques sur la traque policière du meurtrier et on bâille déjà en se demandant : 1 – si Paul va s’en sortir 2 – si Paul ne va pas s’en sortir.

Mais c’est là que le film commence à avoir quelque intérêt. Paul en a, depuis longtemps, marre de la vie de prospère avocat d’affaire qu’il mène, dans un cabinet qu’il dirige avec Anne, son associée (Catherine Deneuve, guest-star de la production). il profite du meurtre pour disparaître, changer d’identité. Prendre celle du mort, devenir le photographe que l’assassiné était, qu’il n’a pas su être, alors qu’il en avait le talent. Partir.

Loin. En Croatie ou en Bosnie. On se demande pourquoi il va là, où alors j’ai dû fermer un œil pendant qu’on l’expliquait…. mais je crois que c’est surtout grâce aux exigences de la coproduction, celle-ci plutôt bien venue, puisqu’elle permet de revoir dans un rôle important Branka Katic, une des rieuses vedettes de Chat noir, chat blanc d’Emir Kusturica.

Ce qui se passe alors est assez tordu, mais point déplaisant, parce que tout ce qui se passe dans cette Méditerranée déjà orientale n’est jamais dépourvu de singularité. Et cela même si la fin du film, qui se voudrait humaniste, épique et tragique est un peu niaise.

On passe un moment sans désagrément. C’est déjà bien, non ?

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