Mémoires de volcans

Pédagogique et beau.

La nature brute, parce que précisément elle est brutale et violente n’est pas vraiment mon truc ; je ne m’y trouve pas à l’aise et je me sens beaucoup mieux lorsqu’elle porte l’empreinte de l’Homme (les vignobles ou les champs de blé à perte de vue) ou mieux encore lorsqu’elle est le cadre de sa vie, villes et villages enchantés.

Ayant écrit cela je me rends compte de mon infinie bêtise, l’Homme ne faisant qu’ÉCRIRE sur la nature, merveille qui lui a été donnée par Dieu pour qu’il la sublime et ajoute à la Création. D’ailleurs, dans la nature brutale et violente (j’y reviens), il y a quelque chose qui est bien fascinant : c’est le feu qui jaillit des entrailles de la Terre et qui pourrait, comme les flammes dans l’âtre, être regardé des heures sans qu’on se lasse.

François de Riberolles est un jeune documentariste aux centres d’intérêt éclectiques : La lune, L’Incroyable périple de Magellan, Un hiver aux Kerguelen. Mais peut-être est-il avant tout fasciné par les volcans, ces manières que le centre de la Terre a de communiquer avec la surface. Et dans Mémoires de volcans, de façon très claire et très belle, voilà que le réalisateur se penche sur une singularité géologique, s’appuyant sur notre département de la Réunion qui a surgi de l’Océan indien à la faveur d’un point chaud. Qu’est-ce que c’est que ça, au fait ? Notre amie Wikipédia me souffle qu’il s’agît d‘une zone de formation de magma au sein du manteau de la Terre ou d’une autre planète, formée au-dessus d’un panache (une colonne ascendante) et traduite en surface par une activité volcanique régulière.

Évidemment, dit comme ça, ce n’est pas très ragoutant. Et le miracle du film, c’est que Riberolles parvient à intéresser le spectateur à ces complexes géologies, voguant sur les milliards d’années et contant dans une sorte de geste inspirée les aventures de notre globe. Sans doute le réalisateur est-il aidé par la puissance et la beauté d’images cueillies ici et là ou composées synthétiquement, sans jamais pour autant être ridicules. Au cours des strates de l’évolution se succèdent les divers stades de la vie et de l’évolution, des animalcules primaires aux dinosaures, brontosaures, tyrannosaures que Jurassic Park nous a rendus familiers puis des premiers mammifères… jusqu’à l‘Homo sapiens.

Nous qui vivons dans l’immédiateté et qui parvenons à peine à concevoir que les pyramides d’Égypte datent de 4500 ans à peine, comment pouvons-nous imaginer ce qu’est une évolution qui s’étage sur dix, cent fois plus de siècles ? Que les coraux ont mis des millions d’années pour ériger des barrières à l’abri de quoi se sont protégées des îles propices à recevoir les premiers balbutiements de l’Humanité ?

Il y a dans le film des images admirables, des prises de vue superbes ; c’est nerveux, bien rythmé, jamais hautain : ça explique avec talent l’histoire du monde.

Pas mal, non ?

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