Midnight express

arton9143Deux kilos de perpétuité.

Eh bien si les acharnés de l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne persistaient dans leur projet fou, voilà un film qui pourrait être opportunément diffusé et rediffusé à la télévision pour nourrir le débat, ou, plus certainement, le clore.

Mais, me dira-t-on, cette histoire se situe il y a 40 ans et il est à parier que les conditions de vie dans les prisons turques ne sont plus telles que le film d’Alan Parker les dénonce !. Ceci demeure à démontrer et je ne suis pas certain que la Turquie à fort développement économique qu’on nous présente aujourd’hui ait éliminé ces affreuses scories ; je suis par ailleurs convaincu que les progrès continus de l’islamisme dans l’ancien empire ottoman ne vont pas arranger le sort des malheureux Occidentaux qui se pourront se retrouver dans ses geôles.

hero_midnight_express_primaryCe petit brin polémique déposé, j’ai d’autant plus de plaisir à écrire du bien d’un film qui m’était inconnu jusqu’à maintenant, malgré sa réputation et son succès public et critique. C’est très bien fichu, haletant, filmé dans une atmosphère étouffante de jaunes salis, pour mieux faire sentir la poussière et la crasse, interprété avec talent. On entre immédiatement dans le sujet, on suit avec presque de l’empathie les angoisses du jeune Billy Hayes (Brad Davis), qui s’est collé sur le torse deux kilos de haschich et qui, évidemment brave garçon qui a mis la main dans un (tout petit) pot de confiture, sent bien qu’il n’est pas fait pour défier l’Ordre, la Loi et les Douanes.

n3isSj1On peut insérer ce film dans la riche catégorie des films de prison ; on n’a pas tort  mais on pourrait ajouter que Midnight express fait aussi partie de la catégorie des films de drogue : la lutte vaine et insensée (c’est-à-dire dépourvue non de fondement, mais de sens et de perspective) à laquelle se livrent les autorités pour mettre fin à un trafic qui ne cesse de croître et de se développer. Et ceci d’autant plus vite et plus intensément qu’il est pourchassé, les prix et les bénéfices montant au fur et à mesure que les traques augmentent. La prohibition de l’alcool a duré de 1919 à 1933 aux États-Unis, a engendré des fortunes mafieuses gigantesques et des meurtres par dizaines. Le trafic de drogue réalise cela à puissance 100. Continuons !!!

Il est bien dit dans Midnight express que si le malheureux Billy subit un châtiment aussi scandaleusement rigoureux, c’est pour l’exemple, parce que la Turquie veut montrer à son allié étasunien qu’elle lutte vertueusement pour venir à bout du fléau. On peut tout de même s’étonner – puisqu’il s’agit d’une histoire vraie – que l’Administration Nixon, qui disposait tout de même de sacrés moyens de pression sur la Turquie, ne soit pas parvenue à faire libérer son ressortissant. De là à dire que le pauvre Billy a été une monnaie d’échange…

Midnight Express - 3_thumbCe qui est très bien dans le film, c’est que la tension monte graduellement et qu’il devient de plus en plus violent et féroce, à l’image, je suppose, des sentiments du prisonnier, d’abord presque résigné, puis plein d’espérance dans sa libération, puis exaspéré et devenant féroce. Plus on avance, plus on ressent l’horreur de la vie carcérale, les brimades, la promiscuité, les violences et les coups. Plus on comprend l’envie meurtrière qui s’empare de Billy et qui culmine dans la scène où l’affreux maton Hamidou (Paul L. Smith), tortionnaire que chacun aime détester, se troue accidentellement le crâne après avoir projeté de violer Billy. Notons d’ailleurs qu’aucun Turc ne figure dans la distribution et qu’à part quelques images presque touristiques d’Istanbul, le film a été principalement tourné à Malte. L’Orient compliqué est toujours pavé d’idées simples.

2 Responses to “Midnight express”

  1. Blabla dit :

    ”je suis convaincu””je ne suis pas certain”, en gros vous ne savez rien de la Turquie et de son système carcéral, pire encore vous assumez baser cette ignorance sur le seul visionnage d’un film américain, qui a façonné des générations entières de débiles congénitaux sur la sacro-sainte idée que les Américains sont les gentils. Ce degrés de naïveté est sidérant, voyagez au lieu d’aller au ciné, ça va vous faire un choc…

  2. impetueux dit :

    Je crains que l’ironie ne soit pas votre fort et que vous saisissiez mal comment mes prudences de langage ne sont pas si prudentes que ça.
    Je ne connais sans doute pas bien la Turquie ; je n’y suis allé que quatre fois, trois fois à Istambul, une fois aussi à Ankara et en anatolie. J’ai même été reçu (avec d’autres !) par Erdogan, alors maire d’Istambul. Mais je ne prétends pas connaître le pays.
    Je sais simplement que malgré les beaux efforts de Mustapha Kémal, ce pays n’a rien d’européen. Depuis que j’ai écrit ma chronique, en 2016, l’islamisme s’est encore davantage acclimaté et plus personne ne songe à faire entrer la Turquie dans la Communauté européenne.
    La Turquie n’est pas dans l’Europe. Les États-Unis non plus d’ailleurs. Et me prêter des sentiments pro-étasuniens ferait bien rire ceux qui connaissent mon combat de toujours contre l’impérialisme économique et culturel du Nouveau continent.
    Je serais ravi d’avoir votre point de vue sur le système carcéral ottoman si vous sortez d’une des prisons de cet État. Comme dirigeant, ou comme détenu, d’ailleurs.

Leave a Reply