Mort de Jean-Claude Brialy

Tristesse

J’ai eu, un temps de ma vie, le grand privilège d’être honoré de la sympathie de Jean-Claude Brialy : c’était un homme d’une courtoisie, d’une élégance, d’un raffinement extraordinaires. C’était un conteur exceptionnel, sachant mille anecdotes sur le milieu du spectacle et le milieu des Lettres depuis un siècle et contant ces anecdotes avec verve, rosserie quelquefois, mais sans méchanceté aucune.

Un des très beaux souvenirs de ma vie est d’avoir participé à un dîner où Alain Decaux et lui rivalisaient d’esprit et de brio, émerveillant la tablée entière.

Il était, en plus d’une très grande gentillesse et d’une très grande fidélité en amitié et savait, mieux que quiconque créer un lien entre personnes ne se connaissant pas et n’étant pas du même monde, en mettant en valeur chacun aux yeux de tous.

Il disait lui-même que sa carrière cinématographique avait commencé avec des films de qualité (les Chabrol, notamment), puis qu’elle s’était enlisée dans certaines facilités. J’aimerais beaucoup revoir, toutefois, les films qu’il a réalisés, qui étaient sensibles et intelligents, Les volets clos, Un amour de pluie ou Les malheurs de Sophie

Il a campé des silhouettes très ciselées (le Paul Cisterne de La Banquière de Francis Girod, le Procureur Villedieu, décadent suicidaire du Juge et l’assassin de Tavernier notamment) mais, à mes yeux, son rôle majeur, son chef d’œuvre, c’est le Jérôme du Genou de Claire d’Eric Rohmer.

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