Pénultième œuvrette de la tétralogie filmée des aventures de Slim Callaghan, voilà que Et par ici la sortie ne vaut pas plus tripette que les deux premiers volumes naguère ici commentés. À dire le vrai, on aimerait disposer d’une possibilité de noter en dessous de zéro des films aussi lamentables ; mais comme on est plutôt bon zigue et que Noël approche, on se dit que ça a pu permettre d’assurer des fins de mois un peu plus rutilantes aux acteurs et actrices qui ont tourné ça.
On ajoute d’ailleurs à sa propre bienveillance que si Tony Wright, le héros de la saga, est toujours aussi insignifiant, transparent, incolore, cet opus-là fait appel à des comédiens un peu plus notoires que les archéologues du cinéma français, parmi qui je m’honore d’être, ont pu reconnaître les visages connus de Marcel Charvey et même du superbe Jean-Roger Caussimon qui avait dû creuser de graves dettes de jeu ou d’autre chose pour compromettre son talent dans ça.
Et de la même façon les trois principales actrices qui, les unes et les autres succombent au charme et à la plastique musclée de Callaghan sont à la fois un peu plus notoires que celles qui parent les deux premiers films : Dany Dauberson, à la belle voix grave et à la dégaine typique des lesbiennes de l’époque qui interprète la compagne d’Alexandre Chérikoff (Roger Saget), gangster international, puis Pascale Roberts, plus tard familière des films de Robert Guédiguian, poivrée et sexy, maîtresse du comte Gaëtan (Marcel Charvey), lui aussi malfrat d’importance et enfin Dominique Wilms, habituée des rôles de garce séductrice dans les films d’Eddie Constantine, fiancée légère du Baron de Maripasoula… sosie parfait de Slim Callaghan.Car c’est là le pitch du film : remarquant fortuitement sa ressemblance absolue avec un journaliste britannique qui a sauvé une jeune candidate au suicide en se jetant dans la Seine et, grâce à cela même figurant en première page des journaux, le prétendu baron, troisième des bandits internationaux, tente de détourner sur son sosie les mauvaises manières de ses sauvages concurrents Alexandre et Gaëtan.
L’intrigue n’est pas plus sotte qu’une autre et, moins mollement menée par un vrai cinéaste aurait pu donner un thriller agréable. Mais outre que tout cela est mal conté, confus, obscur et poussif il y a par trop de séquences ridicules et presque gênantes ; je ne parle pas là des deux ou trois scènes musicales qui filment dans le cadre d’un cabaret des gens d’âge très mur se mouvant lourdement sur des rythmes afro-cubains ou applaudissant des chanteuses réalistes à voix (Dany Dauberson) ; ceci fait partie du charme des antiquités des années 50. Mais les bagarres et les poursuites, assez nombreuses sont si mal réglées, si pitoyables qu’elles feraient passer, en regard, les escarmouches des films d’Eddie Constantine pour des pugilats chorégraphiés par Bruce Lee.
Et puis des gags accablants comme cette bataille à coups de tartes à la crème qui rappellent les idioties du cinéma muet prétendument comique de Laurel et Hardy ou de Charlot. On a un peu honte en se disant que des voisins, des parents, des amis, adultes en tout cas, pouvaient s’esclaffer en 1957 en voyant ça.
Bon ; plus qu’un à voir : Callaghan remet ça, qui date de 1960 ; mais comme ça se passe dans les milieux du catch, je m’attends au pire. Et même au pire du pire.