Patti Smith, dream of live

Nauséabond et vomitoire.

Remarquez, je l’ai bien cherché ! Je traîne, je trouve, je prends un DVD sur une étagère ; le nom de Patti Smith me dit vaguement quelque chose, mais si je me doute bien que ce n’est pas une soprano wagnérienne, j’hésite entre une chanteuse engagée de type Joan Baez et une lumineuse diva soul de type Diana Ross. Je me sais assez béotien en matière de musique, mais, bon bougre que je puis être je n’ai rien contre, un soir tranquille et vaticinant, découvrir une voix, des harmonies, des atmosphères inhabituelles. Roule, ma poule !, me dis-je, presque étonné de mon audace en glissant le DVD dans mon lecteur.

Images grisaillantes et tremblées de ces réalisateurs qui décident de vous imposer leur propre réalité (pourquoi pas ?) à coups de brutalités diverses. La chanteuse, qui raconte ses origines, son parcours, ses périples vous semble d’emblée une de ces dangereuses goules qui, haïssant le monde dont elles profitent, vous donnent la leçon et vous somment de rejoindre impérativement le Camp du Bien dont elles sont les vertueuses égéries. Patti Smith, qui est d’une grande laideur, d’une maigreur presque anorexique et d’une insupportable prétention est, paraît-il, une icône punk, révérée par des jeunes gens éblouis par des révoltes de bazar, des haut-parleurs de grande puissance et – la chose n’est pas dite mais semble évidente – des substances dont la consommation est proscrite mais l’usage commun.

La dame, qui n’est pas une jeunette (elle a six mois de plus que moi : c’est dire !) a approché toutes les célébrités de la contre-culture, c’est-à-dire ceux qui, damnés de la terre autoproclamés, vendent aux milliardaires qu’ils font mine de vilipender, des œuvres dont la qualité principale est de provoquer l’écœurement des gens normaux. Ainsi Robert Mapplethorpe, photographe pornographique spécialisé dans le sado-masochisme qui fut un de ses multiples amants.

Il est pourtant évident que je ne devrais pas juger un film en fonction de mes dégouts et de mes préventions. Après tout, que Mme Smith vomisse sa haine sur George W. Bush m’est indifférent et concerne les Étasuniens ; elle est révoltée, suffisante, péremptoire mais je gage qu’elle ne laissera pas grande trace dans l’histoire musicale. Ce qui peut préoccuper ici, c’est qu’une telle insignifiance puisse donner lieu à un film criard, bêtifiant, tout marqué d’une révérence illuminée envers la star, d’une complaisance assez basse envers ses foucades.

Quand j’écris le film, il ne faut pas se bercer d’illusion et considérer Patti Smith, dream of life selon les critères habituels de notre cinéphagie. C’est un reportage adulateur qui n’a d’autre intérêt que de montrer la distance abyssale qui peu exister entre bon et mauvais goût. Parce que nier que l’un et l’autre existent me semble être une des marques principales de mauvais goût.

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