Pigalle-Saint-Germain-des-Prés

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Un nanar très plaisant!

Poursuivant ma découverte des nanars à prétextes cabaretiers du début des années Cinquante, j’ai franchement passé un excellent moment avec ce Pigalle-Saint-Germain-des-Prés du tâcheron André Berthomieu. C’est plutôt mieux fait, et, sinon plus palpitant, du moins plus enlevé que Femmes de Paris dont je disais il y a deux mois combien la réédition d’une telle délicieuse vacuité pouvait plonger dans la plus grande perplexité. Mais là, il y a une bribe d’histoire, quelques personnages intéressants, une Jeanne Moreau toute fraîche et vraiment mauvaise.

Il y a aussi le plaisir de voir la trop rare Claude Nollier, souvent très belle et froide (Armande Pellegrin, femme du pauvre Fernandel dans la curieuse adaptation de Simenon, Le fruit défendu d’Henri Verneuil, la Comtesse de Toulouse-Lautrec dans Moulin rouge de John Huston, la glaciale Madame Duveyrier dans Pot-Bouille de Duvivier) jouer le rôle singulier d’une aristocrate un peu encanaillée qui se trimballe toujours avec une amie manifestement lesbienne (les lesbiennes comme elles pouvaient être représentées en 1950 : cheveux courts , veston d’homme, consommation excessive de cigarettes : voir la scène superbe de Razzia sur la chnouf d’Henri Decoin à ce sujet).

Le film est une production de Ray Ventura, qui, alors, en plus de tenter faire revivre la célébrité de son équipe d’avant-guerre (Nous irons à Paris date, comme le film de Berthomieu de 1950) diffusait, en bon camarade, les succès de ses confrères ; là, c’est l’orchestre de Jacques Hélian, mais je ne désespère pas que, dans les prochaines pépites que ne manquera pas d’éditer René Chateau, on trouve aussi du Fred Adison ou peut-être même de l’Aimé Barelli !) ; en tout cas, ça nous donne quelques numéros étonnants où les chansons – de véritables numéros de music-hall, en fait – sont d’une telle atterrante bêtise qu’elles en deviennent presque délicieuses…

Enfin, bref ! Pour qui n’aurait pas compris, il faut absolument se garder de voir un tel DVD sauf si, comme moi, on souffre d’un tropisme prononcé de fascination envers une période si lointaine et si proche tout à la fois.

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