Poisson d’avril

Bien mince.

Tombé là-dessus au hasard d’un paresseux zapettage (ou d’une paresseuse zapperie ?) qui m’a arrêté sur la chaîne enfantine Gulli, que je ne fréquente pas, qui passait ensuite le calamiteux (presque calamiteux) Ignace, de Pierre Colombier, avec un Fernandel lâché sans frein dans le cloaque du comique troupier d’avant-guerre.

poisson_d_avril_1954_w256h176Poisson d’avril est de ces films qui n’ont de (très mince) intérêt aujourd’hui que de présenter aux amateurs de vieilleries un monde et une atmosphère totalement disparus et des images pittoresques et surprenantes (ainsi la place de l’Hôtel de ville où l’on peut rouler dans les deux sens : voilà qui me plonge dans des abîmes d’émerveillement). La vie du petit ménage modeste (lui mécanicien, elle femme au foyer) composé de Bourvil et d’Annie Cordy (et de leur insignifiant mioche), son intérieur étroit, ses espérances d’ascension sociale ressemble beaucoup à celle des films d’André Hunebelle, Monsieur Taxi ou L’impossible Monsieur Pipelet ; en comparaison, et pour la même époque, Papa, maman, la bonne et moi se situe dans un milieu de petite bourgeoisie à peine plus aisé, mais dont les préoccupations ne sont pas tout à fait identiques.

poisson_d_avril_1954_w256h1761#C’est très gentil et un peu leste (pour l’époque), Poisson d’avril, puisque la cousine Annette (Jacqueline Noëlle) du brave Émile (Bourvil, donc) est une gourgandine légère qui vit de ses menus charmes et ponctionne d’opulents hommes d’affaires, en dernier lieu Gaston Prévost (Pierre Dux), lui-même marié avec la riche propriétaire Clémentine (Denise Grey). Ceci posé, l’intrigue, on le conçoit, n’a pas beaucoup d’importance : Émile, au lieu d’acheter la machine à laver dont rêve sa femme, s’est fait refiler, au BHV, par un habile volubile camelot (Maurice Biraud, remarquable) du matériel de pêche. Il s’enferre donc dans des mensonges naïfs de plus en plus scabreux vis-à-vis de son épouse, jusqu’à ce que les choses se rétablissent au grand soulagement de tout le monde. C’est classique et bon enfant.

Notons que Bourvil ne cesse de chantonner Aragon et Castille, immortelle rengaine de Bobby Lapointe, mais on se demande bien comment une chanson d’une telle qualité figure dans un film aussi modeste.

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