Poulet au vinaigre

Surestimé et regardable.

Le cinéma de Claude Chabrol fait partie d’un paysage classique et satisfaisant, à quoi se réfère, d’ailleurs la boulimie du réalisateur, auteur d’une bonne cinquantaine de films en à peu près autant d’années, ce qui est beaucoup trop quand on n’est pas Julien Duvivier

Je me suis passablement énervé sur le fil de L’inspecteur Lavardin, second volet des aventures du personnage merveilleusement interprété par Jean Poiret, idéalement choisi pour le grain de folie cruelle, et même méchante qu’il sait mettre dans le rôle. Je suis exaspéré du manichéisme lourdingue et très conformiste de Chabrol, ces sarcasmes anti-bourgeois qui sont le pont aux ânes de toute l’intelligentzia, excitée de dire du mal de la classe dont elle est issue, dont elle partage le goût du confort et qui a, de surcroît, celui du luxe.

fy0jdQOk9IaPN2XRqjmTPFUOANaPoulet au vinaigre est évidemment truffé de salopards bien vêtus et bien logés, requins de province papelards (le notaire Hubert Lavoisier – Michel Bouquet), gluants (le docteur Philippe Morasseau – Jean Topart), vulgaires (le boucher Gérard Filiol –Jean-Claude Bouillaud) tous plus hypocrites les uns que les autres ; mais c’est bien plus nuancé que L’inspecteur Lavardin et les victimes de la bourgeoisie sont une cinglée (Mme Cuno – Stéphane Audran), son fils, un facteur ahuri (Louis – Lucas Belvaux) et une postière fofolle (Henriette – Pauline Lafont).

C’est tourné n’importe comment, l’arrivée à l’écran de l’inspecteur Lavardin se fait trop longuement attendre (45 minutes !), le scénario est à la limite de la vraisemblance, mais Jean Poiret est si extraordinaire (ah ! le voir demander du paprika pour ses œufs au plat !) qu’on se laisse facilement emmener.

Cela écrit, on est tout de même bien loin de La femme infidèle et du Boucher… Il me semble que Chabrol, soit par idéologie, soit par facilité, s’est tout de même bien trop laisser aller à faire n’importe quoi, ou à peine mieux. Et c’est bien dommage…

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