Rire et châtiment

Seul en piste.

Rire et châtiment ne vaut guère que par la prestation assez bluffante de José Garcia et par quelques miettes, notamment la prestation totalement hors sujet mais, à mes yeux, irrésistible, de Benoît Poelvoorde en moniteur de secourisme homosexuel. Tout le reste est du gloubi-glouba qui n’est étayé sur rien. Il faut savoir qu’Isabelle Doval, la réalisatrice du film, qui interprète Camille, l’épouse de l’ostéopathe Vincent, est effectivement dans la vie réelle la femme de José Garcia.

Voilà sans doute la principale raison du tournage de ce film : une petite affaire familiale ou, si l’on se veut désagréable, une concession faite par l’acteur – qui ne manquait déjà pas de rôles à jouer en 2004 – à la paix de son ménage.

Pour qui apprécie Garcia, c’est, de fait, un véritable one man show, un festival assez ébouriffant. Une pile électrique ; et comme le lui dit sa femme J’ai l’impression de vivre avec une batterie qui ne s’arrête jamais. Ce doit être à la fois très rigolo et très épuisant surtout lorsqu’elle ajoute Quand il n’y a que toi et moi (c’est-à-dire quand ils sont en tête-à-tête, ce qui paraît rare), il n’y a que toi.

Au moment où sa femme lui annonce qu’elle le quitte, Vincent Romero, aussi survolté à son boulot qu’avec ses copains, constate avec horreur que des morts brutales s’accumulent sur son passage et qu’il sème le désastre sur ses pas. Après tout, pourquoi pas ? Mais cette situation (qui est en fait le cauchemar subi par Vincent lors d’un long malaise survenu au cours d’une fête où il vient de raconter une histoire drôle – et ça vaut la peine), cette situation n’est ni étayée, ni fouillée. De deux choses l’une : ou bien je n’ai rien compris au film, c’est-à-dire aux possibles multiples signes semés régulièrement par la réalisatrice pour expliciter ces morts subites et en tirer une parabole ; ou bien, nonobstant le caractère spectaculaire de ces effondrements inopinés, tout ça ne veut rien dire. Et je ne pousserai sûrement pas la conscience professionnelle, si je puis dire, à éclaircir ce point de vue en revoyant le film une seconde fois.

Autant on pouvait s’amuser très fort du brio et de la chaleur dégagés par le personnage, autant on n’est pas convaincu par le bout vague de réflexion sur les apparences et surtout par la fin, effectivement bâclée, et où des torrents de gentil caramel mou coulent sur l’écran.

Gardons plutôt en tête l’excellente scène où Vincent/Garcia, pour reconquérir sa femme Camille/Doval l’invite à un restaurant russe. Afin de l’éblouir, il a appris par cœur dans un manuel de conversation de la langue de Léon Tolstoï et de Vladimir Poutine ; si ça fonctionne admirablement au début, ça coince vite dès que le serveur entreprend d’engager le dialogue ; mais ce n’est pas fini : notre héros a passé des heures à répéter les pas de danse tzigane effectués par la troupe du restaurant  ; et là, Garcia est vraiment impeccable.

En d’autres termes, un spectacle sur la scène d’un cabaret aurait largement suffit ; le film est en trop, largement.

 

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